La nuit m’embrase…
La nuit m’embrase. Je chéris les étoiles.
Regarder grandir le monde, ralentir les étoiles, écrire dans un
souffle des mots silencieux. Écouter la chanson jouée par les
émotions, accueillir, accueillir. Ne plus rien dire. Laisser venir.
Courir dans les étoiles, échapper aux nuages. Déguster des cris-
taux de perles de rosée, se lécher les lilas, envahir la Pologne de
bonheur et d’espoir. Acclamer les oiseaux et se sentir petit.
Chanter ce qu’on nous dit sans oreille et sans vie, orienter la
strada dans un unique élan, et virer de chemise.
Courir encore, sur les nuages, droguée à l’atmosphère. Envoyer
des oiseaux de joie à tous les enfants du monde, les grands et les
petits. « La Nature est un temple ou de vivants piliers… »
L’obscure clarté a régénéré la nuit.
Danser la vie …
Danser la vie sur le fil des nuages. Repousser l’aube,
ignorer l’horizon. Et rire. Rire pour repousser la mort,
et pour vivre plus fort. Tisser des liens de rire de toi à
elle et de vous à nous. Narguer l’ennui dans un souri-
re, écarter le chagrin, oublier d’être sérieuse. Enfin.
Et ramasser les éclats de rire, collectionner les instants
de grâce et les fragments de glace. Le Petit Prince l’avait
compris : « C’est véritablement utile puisque c’est joli. »
Comme Thoreau, suivre scrupuleusement le journal du
temps, noter les gouttes de pluie, surveiller la santé du
vent. Soigner un rameau d’églantier. Rendre hommage
aux peintres préraphaélites, baptiseurs de nuages. S’in-
cliner devant le soleil, respecter le pèlerinage vers les
cimes du temps.
Et s’endormir.
Je rêve mon départ…
Je rêve mon départ
assise en jungle car.
Les étoiles, mes aïeux,
ont annexé mes yeux.
Libre comme la voile d’une nuée d’étoiles
Je libre l’énergie d’un cargo sans ami
Vociférant jaguar s’enrouant sous la Lune
La lumière est saphir, l’horizon est enclume
Sifflez les morts ! Oyez les gens ! Trouez la mort !
L’écran est mort. S’éteint l’histoire
dans nos mémoires
L’écran s’endort au crépuscule
Fabule encore, éther et nue
Choisis mon corps, le voici nu.
Versez la nuit dans une chope et buvez-la sans petit-lait. La
galaxie fuit doucement.
Souriez !
L’horizon est flou …
L’horizon est flou, arraché à l’automne. Les insomnies qui
durent inondent de sourires la joie des suppliciés. Ô nuit
obscure, sarcasmes enlevés, les Didon amoureuses sautent
de leur plein gré les divines offenses. Sachez qu’au gré des
courants, les affluents refluent vers l’orée incertaine, et
qu’en vain s’évertuent les pommes des esclaves à chanter
l’angélus. Nausée coure, suspendue aux aurores. Et clame
la vapeur de l’express en odeur.