On s’insurge, d’abord, je me suis insurgé en disant que le trouble bipolaire, c’est une de ces notions qui deviennent tout à coup à la mode et qu’on se met à plaquer sur tout et n’importe quoi – à peu près comme l’intolérance au gluten dont tant de gens se sont découverts atteints à partir du moment où on s’est mis à en parler. Puis on lit ce qu’on peut lire sur la question, on relit toute sa vie sous cet angle, et on s’aperçoit que ça colle. Que ça colle même parfaitement. Qu’on a toute sa vie été sujet à cette alternance de phases d’excitation et de dépression qui sont bien sûr notre lot à tous, car nos humeurs à tous sont changeantes, nous avons tous des hauts et des bas, des ciels clairs et des nuages noirs, mais il y a des gens dont je fais partie, comme paraît-il 2 % de la population, chez qui ces hauts sont plus hauts et ces bas plus bas que la moyenne, au point que leur succession devienne pathologique.