Cinq ans plus tôt, les foules se seraient prosternées. L'Archipel du Goulag venait de paraître, on n'en revenait pas d'avoir le droit de le lire. Mais il revient dans un monde où, après quelques années de boulimie, la littérature russe n'intéresse plus personne, et surtout pas la sienne. Les gens en ont assez des camps de concentration, les libraires ne vendent plus que des best-sellers internationaux et ces manuels que les Anglo-Saxons appellent des how-to : comment perdre des kilos, devenir riche, exploiter son potentiel. Les parlotes dans les cuisines, la dévotion pour les poètes, le prestige de l'objection de conscience, tout cela est fini.