De l'autre côté de l'estuaire, c'était Saint-Nazaire, un cordon de lumières posées sur l'eau, puis les grues des chantiers qu'on devinait dans la nuit et sur l'extrême droite, si l'on s'avançait plus loin, on apercevait les lampadaires du pont qui formaient un arc de cercle parfait,une guirlande de fête posée entre les deux rives de la Loire. Comme beaucoup de gamins, Franck avait passé des heures le soir à contempler le pont, à s'imaginer prendre le large, voler au-dessus de l'eau, partir pour ne jamais plus revenir. Le seul relief, le seul ouvrage d'art de la région portait avec les chantiers toute la charge d'invitation au voyage.