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Critiques de Emmanuel Jaffelin (13)
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On ira tous au Paradis : croire en Dieu ren..

Il y a une certaine ironie à voir à quel point l'ouvrage de ce monsieur Jaffelin est emballé soigneusement dans un marketing rusé alors que l'auteur ne cesse de dénoncer la marchandisation du monde. Sur le petit livre, un de ces infâme bordereau rouge dont on ne sait jamais que faire pendant la lecture qui clame avec une audace très commerciale : Croire en Dieu rend-t-il crétin ? Outre cette inscription, toute la compagne de presse semble tendue vers le même but : nous faire croire au courage d'On ira tous au paradis. En tant qu'athée plus que convaincue, l'idée de lire un essai philosophique défendant la croyance et la foi -son utilité...- m'intéressait beaucoup.



La question de Dieu semble depuis quelques années avoir désertée la scène philosophique pour rejoindre le cloaque des journaux de TF1 ou les débats stériles de théologiens en mal en publicité. Il me semblait bien qu'on aborde enfin ce sujet avec le recul qu'il mérite et par le biais d'une discipline qui a l'avantage de s'ancrer dans l'histoire des idées.



Puis j'ai lu le livre d'Emmanuel Jaffelin. Ma déception a presque été aussi intense que lorsque je goûtais enfin le Kinder Joy après des jours de suspens. Tout ça pour ça ? Sérieusement ?



L'ouvrage en question s'articule en trois parties. La première « Dieu expire », nous parle du déclin des Religions. Deux remarques m'ont tarabustées. Premièrement, se limiter pour parler du concept de Dieu/Foi/Religion aux philosophes antiques, à Nietzsche, à Freud et à Marx me paraît un peu facile. Ensuite, l'ouvrage est d'un ethnocentrisme affligeant. Oui, on peut parler de déclin de la Religion en Europe occidentale. Mais l'Asie ? L'Afrique ? Amérique ? Visiblement monsieur Jaffelin est passé dans une faille spatio-temporelle et l’Europe définit pour lui les limites du monde.



Après nous avoir expliquer que tout le monde dit que Dieu est mort -ouais enfin juste Nietzsche-, la deuxième partie « Dieu respire », avance l'idée que non Dieu n'est pas mort, ni la religion. Monsieur Jaffelin où l'art de bien vendre un essai qui se contente d'ouvrir des portes déjà béantes. Heureusement que le marketing existe. Encore une fois sa vision semble complètement rétrécie par son point de vu d'européen. Ainsi, il donne l'exemple des États-Unis, en nous expliquant que la vitalité de Dieu là-bas est une preuve de sa résistance :



Il serait toutefois présomptueux de dire aux États-Unis que « Dieu est Mort » puisqu'il bouge encore au plus haut niveau de la vie politique […] en dépit du fétichisme radicale de la marchandise qui caractérise la société américaine.



MAIS QUI AU JUSTE A PU DIRE SERIEUSEMENT UN JOUR QUE DIEU ETAIT MORT AUX ETATS-UNIS ????!!!!!



Remarque, ami lecteur, l'idée est attrayante. Tiens je vais essayer moi aussi. Je vais écrire un essai éducatif contre la mode donner aux jeunes enfants du verre pilé à manger. Quelle audace ! Comment ça, personne ne pense que donner du verre pilé à un bambin est sain ? Peu me chaut ! L'important, c'est d'avoir l'air rebelle. Être courageux devant un pistolet à eau me semble un peu risible.



Passons à la troisième et dernière partie de l'ouvrage de monsieur Jaffelin : « Dieu inspire. » Je vais t'en faire un résumé aussi rapide que l'a été l'irruption de l'ennuie durant ma lecture. Pour lui, la croyance ne rend pas crétin mais élève l'homme au-dessus du corps -qu'il soit physique ou social-. Pour justifier sa thèse, l'auteur nous expose les bienfaits de la prière qu'elle soit mécanique ou mystique -la première (sans âme pour une mécréante de mon genre) serait au service de la seconde (pour moi cet état peut se trouver tout autant dans la pratique de la méditation).



Je ne nie pas la validité possible de la thèse de monsieur Jaffelin mais celle-ci me semble aussi fraîche que la couche faisandée qui traîne au fond de ma poubelle depuis une semaine. Oui, Dieu est mort pour Nietzsche mais c'est surtout le Dieu des théistes, ceux qui veulent prouver l'existence de Dieu par la raison. Oui, il semble vain de vouloir faire entrer science et foi en compétition. Or il y a fort longtemps que cela a été dit et qu'une autre vision des choses existent -depuis le 19ième, c'est dire-. Pour s'en assurer il suffit de relire Kierkegaard et sa thèse selon laquelle la foi ne doit pas s'expliquer, se justifier ou se confronter à la raison pour rester ce qu'elle est. La foi c'est croire autant que douter sans être en quête de preuve. Sans cela elle perdrait sa propre substance.



Bref Emmanuel Jaffelin nous offre ici un livre parfois intéressant mais qui semble avoir plus pour ambition de vendre que de susciter une réflexion inédite. Toute sa thèse reste très superficielle et occulte certains des pans les plus passionnants de la philosophie et de l'histoire des idées. Le genre de bouquin qu'on lit pour faire croire que l'on pense sans pour autant se fatiguer à le faire. Décevant.
Lien : http://altervorace.canalblog..
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On ira tous au Paradis : croire en Dieu ren..

"Impertinent et critique" tels sont les qualificatifs de la collection dans laquelle s’inscrit le livre. Elle est faite de petits essais accessibles sur des questions du moment dont le traitement se veut à rebours de la pensée unique (eg "Une Rolex à 50 ans. A-t-on le droit de rater sa vie ?"). L’objectif est ainsi de montrer que les choses sont souvent plus complexes que ce que le discours ambiant, jivaro-réduit, veut nous laisser croire. Et de ce côté-là, l’ouvrage est effectivement bien dans le ton. Le titre et le sous-titre accrocheurs permettent déjà d’en juger en situant d’emblée le débat dans une certaine provocation et une certaine iconoclastie au sujet de la croyance en Dieu et des religions. Et forcément tout est à l’avenant : l’impertinence est également dans le traitement du sujet, dans le style et dans sa conclusion. Ainsi, pour ce qui est du Paradis, oui nous irons tous, et pour ce qui est de notre niveau de crétinisme, il y a fort à parier que Dieu n’ait pas grand-chose à voir avec le sujet.

Là, j’ai carrément cassé le suspense en révélant la fin de l’énigme ! Mais la nouvelle est tellement importante que je ne peux même pas imaginer que vous ne puissiez l’avoir, même dans l’hypothèse, peu plausible, où, malgré cette critique, vous ne liriez pas le livre.

Bon, mais me direz-vous, vous, on vous la fait pas. C’est pas le tout d’affirmer des choses, même très sympathiques pour l’humanité, mais il faut avoir un minimum d’arguments. Mais là, c’est plus sûr d’acheter le bouquin.

Bon, pour ceux qui ne voudraient toujours pas, voici quelques pistes en très gros, voire en énorme.



Ainsi, l’auteur convoque la philosophie, ses penseurs, son histoire et ses raisonnements pour traiter le sujet en trois parties – comme il se doit – :



1°) Antithèse :

Le Paradis ? Portnimwak ! Et pourquoi pas Nabilla à Polytechnique (non mais allô quoi !) et Marc Levy à l’Académie française ! Ça fait longtemps qu’on ne croît plus au Père Noël, alors le Paradis… alors Dieu… D'ailleurs, ça fait pas un bail qu’il est mort ? Ben si, notamment à cause des derniers coups de merlins des trois désenchanteurs du monde moderne, Nietzsche, Marx et Freud. Ainsi, croire n’est rien moins qu’être faible, aliéné et névrosé. C’est sûr, ça fait pas envie ! D’où l’athéisme ambiant. Mais, athéisme qui peine à trouver des valeurs et un sens au monde, hormis ceux de l’économie de marché et de l’individualisme, sujets à dérives sans réelles limites en l’absence de tels repères de sens.



2°) Thèse :

Blessé seulement. "Dieu respire" encore. Tout d’abord parce que le phénomène religieux ne faiblit pas, n’a jamais vraiment décru et réapparaît spontanément et avec force là où il a été chassé par les adeptes de nos trois teutons susnommés, montrant peu ou prou leur échec. Ensuite, parce que chacun perçoit ces dérives et en vient à se poser la question du sens de la vie ; or cette problématique est justement dans le code génétique des religions. Enfin, parce que des penseurs, à l’initiative de Kant*, expliquent les limites intrinsèques de la raison et du savoir humains ; limites qui laissent à Dieu un espace d’existence possible dans le champ de la pensée, et non plus uniquement dans celui de la croyance. Ce qui fait tout de même plus sérieux pour quelqu’un qui a tout de même créé l’Univers et Zlatan – excusez du peu – !



3°) Sainte thèse :

Donc puisque Dieu a la possibilité d’exister, qu’est-ce qu’on en fait ? On le prie. Et c’est cette prière qui a le pouvoir de réenchanter le monde parce qu’elle est l’expression la plus haute de la vie de l’esprit. Attention ! Pas la prière magique à deux balles : « Petit Jésus, fais que je puisse avoir une Rolex en or, parce que, Kevina, la sienne, elle est qu’en plaqué ! » ! Non ! La vraie prière que la mystique nous apprend, qui nous fait retrouver notre élan vital, celui qui doit nous désengluer de nos vies matérielles sans issue, et qui donc nous mène recta au Paradis. Auquel, je vous rappelle, nous irons tous puisqu’il n’y a pas d’autres chemins possibles.



L’intérêt de ce petit essai, au-delà du ton sympathique et prenant, est de remettre intelligemment sur la table la question de la compatibilité entre foi et raison en l’abordant via la philosophie et non via la théologie. En ne se référant que peu aux religions, il se veut donc lisible par le plus grand nombre, croyant ou pas, et d’autant plus lisible qu’il fait aussi le choix de la clarté et de l’accessibilité. Il a également l’avantage de permettre à tout le monde de se décomplexer sur la question de Dieu et des religions. Les croyants en les confortant dans le fait que malgré les critiques et moqueries de tout bord, leur démarche a un sens encore plus universel. Les non-croyants en laissant apercevoir que la foi n’est pas forcément une lubie ou une affaire d'extrémistes et/ou de réactionnaires ou une nécessaire béquille à la vie ou la résultante d’une emprise psychologique d’un gourou, qu’elle peut donc inspirer le respect et pas seulement la tolérance, et voire même pour certains que, dans le bazar où est le monde, ça vaut peut-être le coup de jeter un coup d’œil sur de telles approches alternatives.



Donc, à un de ces jours au Paradisio Club d’Eden Park ! On y est tous attendu !











* « C’est chié ! » dixit Kador**



** le chien des Bidochon, of course !
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Petit éloge de la gentillesse

Bof. J'ai trouvé le début intéressant, comme une introduction sur le sens qu'a pris le mot gentil au fur et à mesure des siècles: de noble naissance, puis esclave, puis non chrétien... un peu tout et n'importe quoi. Ensuite l'auteur fournit des réflexions, un peu décousues, je n'ai pas bien vu où il voulait en venir, s'il voulait en venir quelque part.
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On ira tous au Paradis : croire en Dieu ren..

C'est le titre un brin irrévérencieux et provocateur qui a retenu mon attention.

Et c'est grâce à Masse Critique que j'ai pu lire ce traité sur la foi.

En général, je suis réservée par rapport aux essais où je trouve souvent trop

de longueurs et de débordements de la part des auteurs.

Ici, compte tenu du sujet et ne connaissant pas l'auteur, je m'attends au meilleur comme au pire, en m'interrogeant sur le profil d'Emmanuel Jaffelin. Est-il croyant, ex-croyant, agnostique, athée, anticlérical : toutes étiquettes qui

orienteront son propos.

A la réception de l'ouvrage, j'ai deux agréables surprises : ce petit livre jaune

contient une centaine de pages (gage de concision) et l'auteur enseigne la philosophie au lycée Lakanal de Sceaux (gage de sagesse).

Je m'attendais à de l'ironie, sous-entendue dans le titre, et je découvre un traité qui me frappe par son sérieux et sa diversité. L'auteur, fin connaisseur des grands courants philosophiques antiques et modernes, orientaux et occidentaux, se réfère aux textes fondateurs de la pensée et de la religion.

Il évoque l'historique des croyances et les prises de position des religions dans la société contemporaine, sans palabres inutiles ou indigestes

Si certains courts passages sont un peu difficiles à appréhender, l'ensemble

est un excellent stimulant intellectuel qui incite à l'élévation de l'esprit.

En outre, cette lecture m'a permis de découvrir la collection Antidote de Flammarion dont les autres titres paraissent aussi prometteurs de réflexion à contre-courant de la pensée unique.
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Eloge de la gentillesse

Livre en deux parties; l'historique du mot gentillesse et ensuite une "description" de ce mot à partir de la philosophie. Un plaidoyer pour la gentillesse, vertu discrète mais serait le moteur possible d'un changement dans nos relations humaines voire avec la nature. A méditer, son action peut avoir la même valeur qu'un battement d'ailes de papillon qui provoque un bouleversement de l'autre côté de la planète.

Il n'est pas toujours facile de suivre le raisonnement de l'auteur !
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Petit éloge de la gentillesse

A mon avis, que je crains de ne partager qu’avec un tout petit nombre, ce livre est intéressant pour ce qui n’est pas écrit. Il décrit bien le cynisme face à la gentillesse, mais présuppose qu’une société marchande est mauvaise. L’auteur ne comprend pas qu’on peut fonder autrement un raisonnement et ne pas vouloir changer la nature de l’homme, comme tente de le faire toute société totalitaire, elle y échoue régulièrement, mais cette utopie est si forte qu’elle renaîtra nécessairement. Ainsi, au lieu de tenter de changer la nature de l’homme, on peut s’y adapter et c’est le but et la grandeur du libéralisme qui se fonde sur les droits naturels et la responsabilité individuelle.

Le mérite de cet ouvrage est pour moi de mener à cette réflexion et aussi l’histoire du mot gentil qui a pris plusieurs significations très variées au cours des âges.

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On ira tous au Paradis : croire en Dieu ren..

C'est le titre un brin irrévérencieux et provocateur qui a retenu mon attention.

Et c'est grâce à Masse Critique que j'ai pu lire ce traité sur la foi.

En général, je suis réservée par rapport aux essais où je trouve souvent trop

de longueurs et de débordements de la part des auteurs.

Ici, compte tenu du sujet et ne connaissant pas l'auteur, je m'attends au meilleur comme au pire, en m'interrogeant sur le profil d'Emmanuel Jaffelin. Est-il croyant, ex-croyant, agnostique, athée, anticlérical : toutes étiquettes qui

orienteront son propos.

A la réception de l'ouvrage, j'ai deux agréables surprises : ce petit livre jaune

contient une centaine de pages (gage de concision) et l'auteur enseigne la philosophie au lycée Lakanal de Sceaux (gage de sagesse).

Je m'attendais à de l'ironie, sous-entendue dans le titre, et je découvre un traité qui me frappe par son sérieux et sa diversité. L'auteur, fin connaisseur des grands courants philosophiques antiques et modernes, orientaux et occidentaux, se réfère aux textes fondateurs de la pensée et de la religion.

Il évoque l'historique des croyances et les prises de position des religions dans la société contemporaine, sans palabres inutiles ou indigestes

Si certains courts passages sont un peu difficiles à appréhender, l'ensemble

est un excellent stimulant intellectuel qui incite à l'élévation de l'esprit.

En outre, cette lecture m'a permis de découvrir la collection Antidote de Flammarion dont les autres titres paraissent aussi prometteurs de réflexion à contre-courant de la pensée unique.



(Critique préalablement postée sur l'autre page babelio du même livre : http://www.babelio.com/livres/Jaffelin-On-ira-tous-au-paradis--Croire-en-Dieu-rend-il-cr/497559)
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Célébrations du bonheur

Vous trouverez ci-dessous ma critique du livre d'Emmanuel Jaffelin, publiée sur le site "Actualitté":



Une nouvelle voie vers le bonheur pour Emmanuel Jaffelin

Le développement personnel connaît actuellement un essor incroyable. En témoignent les rayons de nos librairies. Chacun y va de sa proposition pour réussir, être épanoui, mener une bonne vie, devenir riche et célèbre, rester au mieux de sa forme. Aucun de ces coachs, de ces auteurs à succès, ne semble pourtant répondre à la question première : qu’est-ce que le bonheur ? Et en quoi le fait d’acquérir toujours plus ou de vivre de plus en plus longtemps, pourrait nous permettre d’y accéder, de le rendre durable ?





Soumis à l’angoisse de la mort, mais aussi à la crainte du déclassement, nos contemporains cherchent parfois le bonheur là où il ne saurait résider, ou se trompent de direction…



Face au malheur



Nous sommes souvent stupéfaits lorsque des personnes au faîte de la gloire, de la réussite, se suicident. De fait, qu’est-ce qui rend heureux ? Et pourquoi tant d’hommes, ou de femmes, pourtant favorisé(e)s par le sort, ne semblent pas comblé(e)s ?



Peut-être convient-il d’abord de définir ce qu’est le bonheur, en quoi il consiste. Partons, en premier lieu, du constat suivant : la technoscience ne nous a pas nécessairement rendus heureux. L’espérance de vie s’est considérablement allongée et pourtant nous n’avons jamais autant craint la violence, la disparition.



La plupart d’entre nous ne croit plus en l’au-delà, et de fait nous ne nous consolons plus en espérant aller au Ciel. Longtemps admis, le décès d’un enfant constitue ainsi un drame, alors que cela s’inscrit dans l’ordre des choses. Beaucoup cèdent pourtant au sentiment d’injustice. Comment, dès lors, accepter le réel, accepter précisément le deuil d’un être cher, jeune ?



Dans un premier temps, admettons que ce que nous nommons « mal » (la mort prématurée, le viol, le meurtre, la vieillesse, etc.) n’a rien d’exceptionnel, mais constitue une possibilité. Possibilité que nous devrions, dans l’absolu, accueillir avec détachement, dans la mesure où nous n’avons aucune prise sur le temps.



Inévitable, la souffrance physique et/ou la maladie peut ainsi générer du malheur, ou, paradoxalement, du bonheur. Tout dépend en réalité de notre état d’esprit, comme nous le montre l’exemple de Stephen Hawking : affrontant une sclérose latérale amyotrophique, le physicien s’est concentré sur sa vie intérieure, intellectuelle, produisant ainsi de brillants postulats, devenant un savant reconnu.



Il en va de même quand le méchant nous attaque. Soit nous nous révoltons, et cédons à la passion, au malheur. Soit, tel le stoïcien Épictète, nous choisissons de demeurer fort, maître de la situation, tandis que notre agresseur, lui, reste en position de faiblesse, car esclave de ses (mauvaises) passions ou de la cruauté qui l’anime, qui le ferait alors tomber dans la passivité.



Qu’est-ce que l’heur ?



Ni bon, ni mauvais en soi, l’heur, qui désigne le moment, la chance, demeure purement fortuit. Surgit inopinément, l’heur du coup de foudre est ainsi lié au hasard. De même, les gagnants du Loto ont-ils simplement connu la chance, l’heur de cocher les bons numéros.



Toutefois ni l’heur du coup de foudre, ni l’heur du gain financier subit, ne sauraient nécessairement conduire ni au bon-heur, ni au mal-heur. Notre comportement peut faire de cet « heur », justement, quelque chose de positif, ou de négatif. Le coup de foudre peut ainsi mener à la dépression, au suicide, en cas de rupture, quand le fait de devenir subitement très riche peut faire perdre la tête, dépenser inconsidérément, être harcelé par son entourage. Seule une attitude rationnelle, raisonnable, détachée des passions, nous permettra d’envisager l’heur avec sérénité, et donc de le transformer, de le bonifier en quelque sorte.



Semblablement, s’il est préférable d’être riche, en bonne santé, ou de connaître la gloire, il ne s’agit guère de phases transitoires, contingentes. La santé, comme la jeunesse, comme la célébrité passent, s’éteignent, et un pauvre sera souvent plus heureux qu’un riche, un malade plus heureux qu’un sportif. D’où l’importance de garder une position détachée, d’admettre la fugacité, sinon la futilité de l’heur.



Vers la liberté, vers la félicité



Le désir, plus que la passion, peut donc mener au bonheur. Prisonnier de sa passion, par exemple de son coup de foudre, l’individu ne peut plus finir que par souffrir, et ne sera pas libre. Non obstant, il paraît très difficile de dominer l’heur, soit les évènements qui adviennent, et qui fondamentalement ne dépendent pas de nous, puisque nous sommes en réalité régis par des causes qui nous dépassent.



Dès lors, la félicité, le bonheur, ne consistent pas dans l’aversion à l’égard de tel ou tel heur (tel un tsunami, ou un cancer), ni dans le désir à l’égard de tel ou tel préférable (la gloire, la santé, etc.), mais bien dans la liberté, soit dans le fait de savoir que nous sommes déterminés, que tout est contingent.



Seule cette même liberté permet justement d’accepter ce qui demeure inéluctable, en étant conscient, et plus encore d’anticiper, afin de ne pas être surpris. Être libre, c’est donc, étrangement, se savoir déterminé et accueillir l’heur tel qu’il se présente, soit possiblement le transformer en bon-heur ou en mal-heur. En ce sens, le bonheur ne vient que de nous, de notre intelligence.



Un essai pédagogique, accessible



Agrégé de philosophie, auteur de neuf ouvrages, dont certains vendus à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires, Emmanuel Jaffelin répond donc au pari initial, formulé dès l’introduction : tenter de comprendre ce qu’est le bonheur, et se donner les moyens d’y arriver. Dépassant les lieux communs, déployant une série de raisonnements complexes, mais relativement accessibles, l’auteur tente de fournir des réponses, en perturbant nos idées reçues, en bousculant nos schémas, nos habitudes. S’appuyant également sur une série d’exemples, situations concrètes ou souvenirs de lecture ou de films.



Emmanuel Jaffelin définit une voie exigeante, mais malgré tout à notre portée. Le ton est souvent familier, direct, le penseur tutoyant son lecteur, comme s’il s’agissait d’une simple discussion, ou comme s’il s’adressait à un ami. Plusieurs grands penseurs, sont également évoqués, enrichissant la réflexion du lecteur devenu complice, compagnon. Par-delà la vulgarisation, le désir de créer une philosophie populaire, Emmanuel Jaffelin signe là un livre vrai, riche, un vade-mecum.



ETIENNE RUHAUD












Lien : https://actualitte.com/artic..
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Petit éloge de la gentillesse

Un tout petit livre qui réhabilite enfin – et comme il se doit – les gentils et la gentillesse !
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Petit éloge de la gentillesse

Sa passe
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On ira tous au Paradis : croire en Dieu ren..

Emmanuel Jaffelin n’est pas professeur pour rien : sa plume est pédagogue, son raisonnement élaboré et pourtant fluide. (...] l’auteur, à la fois historien et philosophe, s’applique à une démonstration contrariante qui ne plaira pas aux déicides, guère plus aux croyants.
Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
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Petit éloge de la gentillesse

Sur un thème passionnant et usuellement délaissé par les philosophes, un ouvrage qui peine parfois à être à la hauteur.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Petit éloge de la gentillesse

À contre-courant de son temps, Emmanuel Jaffelin, ancien diplomate, remet [la gentillesse] au goût du jour dans un plaidoyer brillant et parfois provocateur, louant cette «vertu chaude et caressante» , illustré d'exemples puisés dans la vie quotidienne, la littérature (Chrétien de Troyes, Shakespeare, La Fontaine et l'inattendu Céline), le cinéma (Amélie Poulain)…
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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