Plane la lune,
Silencieuse et calme;
Un jeune guerrier
Part pour la guerre.
(M. Lermontov)
Insomnie. Homère. Voiles raidies par les vents.
J'ai lu jusqu'à moitié la liste des navires,
Ce long envol de gues,
Jadis, dans le ciel d'Hellas.
Comme un triangle d'oiseaux migrateurs fiché dans les frontières,
Vers où voguez-vous, divine écume?
Sur la tête des rois? Troie seule, sans Hélène,
Pour vous qu'est-elle, ô mâles achéens?
Le poète et la mer, tout est mû par l'amour.
Que faut-il que j'écoute? Voici qu'Homère s'est tu.
Voici que s'exclame et mugit la Mer Noire,
Rampant vers mon chevet avec un lourd fracas.
(La pierre / Joseph Mandelstam)
Dans le brouillard des vagues, des éclaboussures d'argent,
Des couleurs d'émail effacées!...
Que j'aime les matinées d'automne,
Leurs caresses tendrement irrévocables!
Que j'aime l'écume sur le rivage,
Inquiète et blanchissante...
Ici, aussi longtemps que le ciel est plein d'ardeur,
Je conserve jalousement ce vestige de journées nébuleuses.
Or, par là, quelque part dans le feu, s'agitent
Des Moi comme moi-même sans ombre et sans nom,
Et un jeune inconnu,
Pour moi, perd sa vie dans l'angoisse.
(Innocent Annenski, Le coffret de cyprès)
La joie est le lot des brutes.
La tristesse est pour les tendes.
Je n'ai besoin de rien,
Je ne regrette rien.
(Serge Essenine)