Emmanuelle Dal`Secco

Les livres "témoignages de vie" ne sont pas mes lectures privilégiées. Suite à une interview télé de Mr Croizon de qui comme beaucoup j'avais entendu parler , j'ai eu un déclic et eu envie de lire son dernier livre.

Je ne connaissais cependant pas son histoire. Ce livre permet sans pathos, sans longueur et avec beaucoup d'objectivité de découvrir son accident, sa vie, sa personnalité.

Une fois terminé, il m'a fait philosopher, faire le point et rebooster.

Une belle découverte sans pour cela devenir mon type de lecture mais je reconnais que le détour valait le coup ;-))

Ce témoignage est important, nécessaire même. Car les aidants de personnes handicapées et/ou malades au long cours restent trop souvent dans l'ombre. L'attention du personnel médical, mais aussi trop souvent de l'entourage porte, logiquement, sur l'aidé, oubliant les sacrifices et les souffrances de l'aidant qui permettent pourtant un maintien à domicile, une vie sociale, voire dans les exemples extrêmes comme celui de Philippe Croizon, la réussite de challenges improbables.



Cette histoire fait écho à une partie de la mienne, ma mère ayant consacré plus de 10 ans de sa vie à ses parents, mon grand-père souffrant alors de la maladie d'Alzheimer, puis plus de 20 ans à mon père, grand dépressif avant d'être affecté d'une forme de démence mentale importante. Cet accompagnement très contraignant n'a pas été sans conséquence sur mon enfance/adolescence et vie de jeune adulte puis de mère. Les aidants parents, phagocytés par la personne à aider, en oubli trop souvent leurs propres enfants...

L'évolution de Suzanne Sabino, avec son projet réussi de suivre seule le chemin de Compostelle, montre aussi qu'aucun aidant n'est indispensable à 100%, et qu'il est indispensable de prendre soin de soin pour pouvoir continuer à prendre soin des autres.

En mai 2012, un nouveau petit bonhomme est venu nous rejoindre (sa photo se trouve ici : http://aline1102.canalblog.com/archives/2012/06/22/24553879.html).

Jules est un ange, mais même s'il a bon caractère, il est parfois capricieux : il ne mange ses croquettes que s'il les reçoit à la main et reste parfois plusieurs jours d'affilée sans manger. Au début, cela s'est révélé inquiétant, mais grâce à ce petit guide, nous avons appris que c'est tout à fait normal. Les Cavaliers King Charles adorent faire du chantage à leurs maîtres par le biais de leur estomac : on ne mange pas ses croquettes pour inquiéter son maître/sa maîtresse qui, inquiet(e) de voir son toutou jeûner, finira bien par lui donner un biscuit (bien meilleur que les croquettes !). Parce que ces petites boules de poils (ou plutôt de franges) sont gourmands en plus, et ont tendance à grossir.



Malgré ces légers défauts, ce sont des chiens très sympathiques et, au moins, grâce aux livres comme celui-ci, on comprend mieux comment ils fonctionnent.

Une aventure hors du commun pour Philippe Croizon. Un engagement sans failles, jour après jour pour Suzana Sabino. Dans cet ouvrage, le lecteur découvre la face cachée des proches-aidants. Certains peuvent s'épuiser à la tâche et ne pensent pas à demander de l'aide. Suzana est toujours en train de se demander quel est son vrai rôle, celui de la compagne ou celui de l'auxiliaire de vie ? Comment répondre au mieux aux attentes de l'être aimé sans tomber dans la spirale de la dépendance ?



Philippe se rend compte, lui, qu'il est exigeant avec son entourage et qu'il en demande peut-être trop à Suzana. Surtout quand il se lance dans des défis sportifs qui ne sont déjà pas simples à gérer pour des personnes valides, alors vous pouvez imaginer que pour un quadri-amputé ce soit un véritable Everest à franchir.



Un destin hors du commun pour l'homme handicapé et la femme qui l'accompagne que j'ai découvert avec plaisir grâce à la masse-critique de Babelio.

Avant de commencer une critique, je vais remercier Babelio pour m' avoir relancer pour Masse critique . Je ne venais plus sur le site depuis un moment et ça m'a fait plaisir de recevoir un livre dans ma boite aux lettres !



Ayant lu deux des livres de Philippe Croizon dont " J ai traversé la manche à la nage " je connaissais un peu le personnage. Traversser la manche en étant quadri-amputé permet de d'imaginer le courage et la volonté nécessaires.

Mais derrière les exploits du grand sportif, du nageur de l'extrême, il y a une femme : Suzana.



C'et donc la vie de Suzana, la vie quotidienne, sans fard et sans caméra que l' on decouvre. Sa personnalité, totalement dévouée, un peu trop à mon avis .

Dans l'ombre de son homme, elle doit etre mère de trois enfants, aidante, logisticienne pour les épreuves sportives de son mari, etc ...



Composer avec tous ses rôles est épuisant.

A la limite du burn out, elle va s'accorder du temps pour elle.



C'est plus un témoignage, et ce n'est pas de la grande littérature, mais le sujet des aidants m' a touché.

C'est un sujet de société majeur : l'aide aux personnes handicapées, le vieillissement de la population, nous allons tous être touchés de près par la dépendance.

Sans fard ni paillettes, il déboule sur les plateaux télé, nous fait rire, nous interroge, nous démontre que rien n’est impossible. Il relève des défis fulgurants, écrits des livres, fonde une académie de natation de haut niveau dont l’objectif est de « Nager vers Paris 2024. » Avec des projets plein la tête, il aime frôler l’impensable, dépasser non pas ses limites (car il n’en a pas) mais les nôtres. Face à lui, soyons francs, nous faisons pâle figure. J’ouvre le livre. Et vlan ! Je découvre un parcours inouï et un homme élégant. Elégant ? En effet. Saviez-vous que le mot « élégance » vient du latin « elegantia » et signifie « qui sait choisir. » Certes, dans ce livre, il n’est pas question de dénicher des vêtements ou des chaussures. Quoique ça risque d’être drôle en même temps. Non, Philippe, lui, a choisi de vivre. Et c’est follement plus excitant, moins ennuyeux qu’un jour de grandes soldes. En lisant ce livre, vous allez rire, aimer et comprendre que l’essentiel est de réaliser vos rêves, même les plus fous, de vous éclater, d’être heureux, d’avoir la main sur le cœur à défaut de l’avoir dans la poche et de faire, comme Philippe, chaque matin, un joli pied de nez à la vie !

Après un accident de travail causant la fracture de deux vertèbres cervicales, le jeune Samuel va narrer se vie de paraplégique. Après 30 opérations, 4 ans de rééducation dont 18 mois de cicatrisation d’escarre, il décide de vivre sa vie comme il le conçoit, malgré le handicap. Il faut inclure des accompagnateurs à chaque voyage en se relayant, avec le profil de soignant, même si Samuel les considère « soutien moral et physique ». Ils et elles sont mis à l’épreuve tant son corps est en souffrance. Le premier maillon a été « la mère » qui l’a veillé 22h /24 durant son coma initial. Le médecin de réanimation a bien compris que le soutien des proches est un carburant optimal pour alimenter l’élan vital. La « mère » changera de vie pour rester en contact le plus possible. Le deuxième soutien est Laura, l’infirmière qui le conduit vers Bali, avec ses 25 kg d’excédents de bagages. C’est un succès, malgré les incidents nombreux et l’accident de fauteuil un soir de beuverie, qui va lui coûter 18 mois de cicatrisation pour un escarre à la fesse.

Quand il rencontre Philipe Croizon, évidemment celui-ci lui conseille de vivre sa vie à cent pour cent. Alors il fait un emprunt bancaire, trouve des sponsors, fait aménager un fourgon neuf et lance une annonce pour partir à deux sillonner l’Amérique du Nord. Chacun(e) va se relayer pour effectuer les 35 000 km sans durée précise et en acceptant le contrat et les affres de la promiscuité. Forcément, pour aborder les coins sauvages, il faut quitter l’asphalte et c’est là que le fourgon de 5 tonnes les laisse sur place maintes fois. Détail scabreux : sa paralysie et ses poumons atrophiés l’affaiblissent encore plus lors des températures extrêmes … et il goûte aux deux extrêmes en frôlant la mort plus d’une fois.

Retour en France ; on ne s’arrête pas sur un succès. Alors Sam fait le forcing pour être intégré dans un groupe de camping-caristes (pas les plus sympas de toute ses rencontres). Leur but : partir vers l’est en cent jours pour un trip de 25 000 km. Il part cette fois avec Lise, son amoureuse. Plus simple en vie de couple ? Pas si sûr, tant les épreuves sont dures. Mais la tête et les yeux sont comblés, surtout en Mongolie. Et le top est de retrouver « la mère » pour visiter Istanbul, en fin de périple.

La seule voie qui l’inspire est de vivre au taquet, à la limite de l’insécurité, et ça il sait très bien le faire, comme embourber le fourgon maintes fois en voulant pousser plus loin. Samuel aime plus sa zone d’inconfort que d’être avachi dans un canapé, et en multipliant les occasions, cela permet de rencontrer des gens formidables et d' enrichir sa vie. Bravo pour cette leçon d'humanité.

Un témoignage fort et bouleversant qui force l'admiration! Au delà du parcours héroïque de Philippe Croizon, cet homme quadri-amputé qui se lance le défi fou de traverser la Manche à la nage, c'est également le portrait de la femme, derrière cet homme hors du commun, qui se dessine. Suzana, en compagne dévouée, accompagne son mari avec courage et abnégation, lui insufflant la force nécessaire pour aller au bout de ce défi qui semble impossible à première vue. Très beau témoigne que le récit de ce couple qui avance ensemble, triomphant de l'adversité.

En un mot : inspirant!