Derrière ces estampes, où se cache l’identité mexicaine ? Si tant est qu’elle existe dans un État fédéral où se déploie une mosaïque de cultures et d’ethnies, où 68 langues indiennes, comme le nahuatl, sont parlées en plus de l’espagnol, et où la géographie complexe a creusé une infinité de recoins isolés, où des communautés vivent en toute autonomie. Sur une population de 120 millions d’habitants, ceux de Mexico, Monterrey, Guadalajara et Mérida peuvent se ressembler, partager un mode de vie et un terreau culturel. Mais un Indien tzotzil du Chiapas, un Afro-Mexicain de la Costa Chica du Pacifique, un Yaqui du Sonora et un ranchero mennonite du Chihuahua se reconnaissent difficilement du même pays, s’il n’était cette bannière nationale qui les unit. Entre l’Amérique du Nord, à laquelle il appartient géographiquement et vers laquelle tous ses regards sont rivés, et l’Amérique latine à laquelle on le rattache culturellement et qu’il méconnaît profondément, le Mexique déroute. Il déboussole dans ses métropoles modernes et peuplées de références aux anciennes civilisations. Le Mexique incarne, par-dessus tout, une Amérique mythique et éternelle, faite de cités perdues et d’eldorados à venir.