Emmanuelle Trief-Touchard

Remarques anthropologiques sur un jeu disparu

L'innocence perdue de La Main chaude par Thierry Wendling

(...) Pourquoi la transmission de ce jeu s'est-elle imperceptiblement évanouie après la Seconde Guerre mondiale ?Deux facteurs semblent s'être ici conjugués. La sociabilité enfantine s'est tout d'abord modifiée car les groupes libres d'enfants ont cessé de courir les campagnes et les faubourgs. Ce jeu, qui fut sans doute toujours d'enfants et parfois d'adultes, a ainsi perdu son terreau naturel alors même que, dans les cours de récréation, les maîtres d'école pouvaient de moins en moins accepter cette mise en scène de la violence et encore moins tolérer une position que nos regards modernes trouvent si connoté sexuellement. Face à cette censure, bien des Anciens auraient, avec raison, protesté de leur innocence et il est probable que d'autres Anciens auraient renchéri sur la pureté de leurs mœurs en détournant un vieux proverbe : " Aux innocents, les mains chaudes..."

( p.13)

Remarques anthropologiques sur un jeu disparu

L'innocence perdue de La Main chaude par Thierry Wendling

" La main chaude" pose aux anthropologues d'aujourd'hui une belle énigme ethnologique. Quel était en effet ce jeu où un joueur agenouillé, les yeux aveuglés dans le giron d'une belle, recevait force de coups sur la main qu'il posait sur son propre dos ?
(...)

Quelles que soient les modalités, les commentaires convergent pour dessiner une sociabilité faite de rires et de joies partagées.Les images témoignent d'une large diffusion sociale.On joue dans les fermes comme dans les couvents ou dans les salons, entre enfants ou entre adultes, entre hommes, entre femmes, comme entre femmes et hommes.


( p.12)