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Citation de MichelMessage


Grogan est à Londres, où il rencontre Alexander Trocchi, un ancien situationniste qu'il admire. Il participe à un débat sur la "dialectique de la libération". Il est en compagnie d'intellectuels minables qui se prennent pour des grosses têtes. Il fait alors un discours vibrant, qu'il a tout simplement copié sur un discours d'Hitler, très démagogue sur la révolution, le socialisme, la vie communautaire etc. C'est une ovation. Il ne lui reste alors plus qu'à révéler la supercherie.

(...) Le discours entier dura plus de dix minutes et, quand Emmett se tut, toute l’assistance se leva pour lui faire une extraordinaire ovation. Il resta immobile derrière le micro alors qu’il gesticulait comme un fou et soulignait chaque mot quelques instants plus tôt, il ne bougea pas, il ne salua pas, ne s’inclina pas, ne remua pas les lèvres pour dire « Merci, merci, merci. ». Non. Il attendit, impassible et immobile, que la foule se calme, pour pouvoir enfin lui dire ce qu’il avait réellement à lui dire. Il fallut au moins deux minutes pour que le tumulte se calme enfin. Alors Emmett approcha sa bouche du micro et parla posément. – J’apprécie votre enthousiasme, je comprends vos applaudissements sincères, mais pour être franc, je ne puis les prendre à mon compte. Je n’ai pas écrit ce discours, et je ne suis pas le premier à le prononcer. Je ne sais pas au juste qui l’a écrit, j’en ai une vague idée, mais je n’en sais rien. Cependant, je puis vous dire qui l’a prononcé en premier. Il s’appelait Adolf Hitler, et ces mêmes phrases sont sorties de sa bouche au Reichstagg, en 1937, je crois. Je vous remercie. Au revoir, et merci encore.

Pendant au moins trente secondes, un silence de mort plana dans l’immense salle. Personne ne bougeait. Et puis, tout à coup, la colère explosa, la rage d’un millier de gens prenant conscience qu’ils avaient été possédés, refaits, doublés ! Leur fureur visait Emmett, qui se tira de là prestissimo, et puis ils devinrent dingues en plein, ils cassèrent la baraque, démolirent les chaises, mirent le feu à l’estrade, et puis ils envahirent la rue pour passer leur colère sur ceux, bien rares, qui pensaient qu’Emmett Grogan venait de leur démontrer superbement à quel point ils se laissaient avoir par la rhétorique gauchiste.
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