De son bec ouvert jaillirent des croassements stridents, puis des dents commenèrent à lui pousser et des lèvres apparurent. Ses cris d'oiseaux se transphormèrent en rugissement gutural. On pouvait entendre ses os grincer et ses chairs se déchirer. Ces plumes tombèrent, faisant place à une peau bleue pâle. Ses ailes devinrent de robustes bras, prolongés par des mains noueuses. Ses serres se changèrent en deux pieds immenses, terminés par des ongles noirs. Sur sa poitrine enfin, auparavant caché par le plumage, se déssina la forme des pectoraux et de la cage thoracique. Des côtes saillantes apprarurent, comme les membrures de la charpente d'un navire. Seuls les yeux demeurèrent intacts, toujours aussi grands et aussi jaunes.
Bien avant, lorsque Idunn vivait à Alfheim, le grand pommier, premier arbre de ce bois, plongeait ses racines dans la terre des elfes. Les elfes de sa lignée, maîtres dans l'art de stimuler la vie par des voies naturelles, vouurent détourner les pommes de jouvence à leur profit. Mais le pommier chosit Idunn. Elle seule avait le droit de voir et de toucher les fruits.
A mi-hauteur de l'une d'elles, sur un versant desséché, les guerriers de deux tribus de géants s'affrontent afin de résoudre leurs différents dans le sang.
Six corps, hauts comme des chênes, soufflaient avec difficulté au milieu des coups portés. L'un des comabattants rajusta la protectioon en cuir qui recouvrait son bras droit et, avec un hurlement à donner la chair de poule, se précipita sur son adversaire. Celui-ci brandit son marteau de guerre, bloqua l'attaque et lui assèna un coup sur le côté, qui déclencha un rugissement de douleur. A côté d'eux deux autres géants se battaient à même le sol, sans autres armes que leurs énormes poings. Ils s'étreignaient rageusement, tentant, avec force, coup de tête, de causer à l'autre les pires blessures. Ils se mordaient jusqu'à se décchirer l'échine. Mais fermement agripper l'un à l'autre, ils ne faisaient que rouler par terre, jusqu'à finalement tomber dans l'une des inombrables mares d'eau chaude qui pardemaient la forêt.
Ces pommes de jouvence étaient devenues un aliment essentiel à la vie des dieux. Elles comptaient autant que e soeil qui éclairait leurs étés et que la neige qui recouvrait leurs hivers. Certes, les Ases étaient d'une résistance exceptionnelle, mais ni leur corps ni leur esprit n'étaient à l'abri des assauts du temps. Ni Thor, avec sa robustesse légendaire, ni même Odin, avec son infinie sagesse, ne pouvaient s'opposer à la loi naturelle de la mort et à celle du veiillissement qui atteint lles corps. Cependant, grâce à la puissance primordiae des fruits quue cueillait Idunn, leur décrépitude restait à peine visible.
Elle avait remarqué un troupeau de rennes qui s'approchait de la rive et elle se tenait au ras de l'eau, de manière à ne pas être Vue. Tout son corps était recouvert d'une mince pellicule de neige, seuls émergeaient en oeil et une infime partie de sa tête. Mais, dans la lumière ténue du soir et au milieu des vapeurs d'eau, la présence du gigantesque serpent était absoluement indécelable.
Sur la terre des dieux, il se sentait humilié. Bien qu'étant arrivé de la main du Père de toutes choses, il n'avait trouvé là-bas que mépris. Les dieux avaient interprété ses plaisanteries comme des offenses. Or, il ne s'aggissait, dans son esprit, que de jeux destinés à sortir de son indolence ce lignage d'hypocrites et de paresseux.