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Citation de Davjo


Dans les romans de science-fiction des années 60, la quintessence de la modernité prenait l'aspect d'un assujettissement total des sujets à un état totalitaire par le biais d'une hypertraçabilité des pratiques individuelles. Les procédés d'identification devaient cerner les êtres jusqu'à ne plus leur laisser d'espace d'autonomie. Les robots (ou toute autre entité coercitive non humaine), en supplantant les dirigeants traditionnels de l'État, devaient exercer un contrôle intégral des êtres. C'était même la condition de toute fiction de ce genre. L'humain fantasmait la perte de son autonomie. Le cas de X tend à montrer que ces romans se sont trompés sur toute la ligne – il est vrai que leurs auteurs sortaient historiquement de dictatures sanglantes et étaient, pour la plupart, au service d'une idéologie libérale s'opposant à la perspective d'un état providence : la modernité occidentale a au contraire pris la forme d'un renoncement de l'État vis-à-vis des individus, qui, pour exister, doivent désormais tâcher de conserver, coûte que coûte, des traces de leur inscription dans la communauté. C'est admettre une traçabilité stratégique des êtres, produite non plus pour les contrôler, mais établie en fonction des situations économiques de chacun, et perçue comme un avantage social considérable. La trace identificatrice (écrite, numéraire ou numérique) légitime l'espace d'existence de chaque individu selon des critères divers, tels le crédit à la consommation, la participation à la vie locale, l'abonnement au téléphone, le lien officiel avec des parents ou des amis, etc.
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