Les bd muettes sont généralement un exercice plutôt difficile car il faut absolument que les images parlent d'elles-mêmes afin de comprendre le sens de l'histoire. Je me fourvoie assez souvent avec ce type de bande dessinée.
Cependant, en l'occurrence, j'ai été plutôt assez charmé par la puissance de ces dessins à l'aquarelle. J'ai par ailleurs compris que le thème principal est celle d'une réfugiée obligée de fuir son île pour atterrir dans une mégalopole où les musiciens ne sont pas très bien vus. Elle va tomber amoureuse.
Oui, c'est pas mal pour une fable muette. Il se dégage en tout cas une grande puissance évocatrice.
Commenter  J’apprécie         60
Le dessin style carte à gratter m'a tout de suite rappelé celui de Thomas Ott. Il y a des planches qui sont véritablement très réussies. Le grand Art Spiegelman lui-même ne s'y est pas trompé dans sa préface. Nous avons là un comics qui sort des sentiers battus : c'est manifeste !
Cependant que sont les dessins s'ils ne sont pas servis par un scénario à la hauteur ? Tout n'est que mélange de scènes totalement oniriques. L'absurde ne m'a guère convaincu.
Finalement, je préfère nettement le travail de Thomas Ott qui conjugue avec talent à la fois un dessin muet si caractéristique en donnant surtout du sens à son récit. Ici, on navigue en eaux troubles. C'est si complexe à décrypter que je préfère laisser cela à d'autres lecteurs...
Commenter  J’apprécie         50
J'ai découvert Eric Drooker avec "Flood !". Lecture plaisante, un peu trop cryptique à mon goût, mais, conquis par son graphisme, je sentais qu'il fallait que je renouvelle l'aventure, que je trouverai mon chemin dans l'univers de cet auteur.
C'est chose faite avec "Blood Song".
Magnifique.
La preuve qu'une BD sans texte peut être un formidable vecteur d'émotion.
Chaque planche m'a scotché pendant plusieurs secondes. L'immersion est totale.
Les thèmes sont douloureusement actuels : aliénation de l'individu, massacre de la planète. En contrepoint, les pouvoirs salvateurs de l'amour et de la musique.
Bravo aux éditions Tanibis pour cette pépite. Ne reste plus qu'à traduire d'autres œuvres de Drooker, chers éditeurs français ;)
Commenter  J’apprécie         40
Voici une merveille signée Eric Drooker, que Tanibis a eu la très bonne idée de publier en français. Lorsque j'avais lu « Flood! » pour la première fois, je ne connaissais pas le travail de Lynn Ward ou de Frans Masereel. A ma relecture, leur influence sur le travail de Drooker saute aux yeux. Drooker se place clairement dans la continuité de ses pionniers de la bande dessinée. Comme eux, il adopte la gravure sur bois. Sa ville est étrangement tentaculaire, écrasante et toute en lignes brisées.
« Flood! », ce sont 3 errances dans une New York fantasmée. Ce sont 3 personnages qui sont submergés par la ville. Dans le premier chapitre aux couleurs expressionnistes, un ouvrier se retrouve brutalement au chômage et entame une longue chute jusqu'à être avalé par la ville. Le second chapitre met en scène un homme se transportant en songe dans les entrailles du New York païen et joyeux, où il prend part à une bacchanale joyeuse avant d'être arraché à sa rêverie. Enfin, un artiste penché sur sa planche à dessin imagine un déluge engloutissant une ville où la police harcèle des habitants en quête de liberté, galvanisés par une pasionaria. Ces récits sont imprégnés de l'insécurité sociale des années Reagan. Chacun, à sa manière, illustre l'étouffement de l'individu face à une ville inhumaine et cruelle. On pourra trouver la vision métaphorique de Drooker facile, mais son choix des gravures aux traits volontairement indistinct, outre la référence évidence aux novels in woodcuts, justifie cette vision poétique et donne à ses récits une force universelle et intemporelle.
Commenter  J’apprécie         31
Un roman graphique sans paroles pour une histoire entre tristesse, espoir et poésie.
Commenter  J’apprécie         30
Eric Drooker, un auteur de renom outre-Atlantique, est surtout connu chez nous grâce aux pochettes des groupes «Faith no More» (King for a Day... Fool for a Lifetime) et «Rage against the Machine» (The Ghost of Tom Joad), que l’on retrouve dans cet album.
En m’attaquant à cette œuvre muette j’espérais retrouver toute la force du chef-d’œuvre de Shaun Tan, "Là où vont nos pères". Malheureusement, dès les premières pages de "Flood", mes espoirs ont vite pris l’eau et je ressors finalement assez déçu de cette lecture.
Cet album est composé de trois récits (Home, L, Flood) qui ont comme point commun de se dérouler dans la ville de New York. La première histoire, qui suit la descente aux enfers d’un homme qui perd tout ce qu’il a au fil des cases, est encore assez intéressante à suivre et parfaitement rythmé par le graphisme noir et blanc d’Eric Drooker.
La deuxième histoire invite à suivre les pas d’un homme qui s’endort dans le métro newyorkais et se retrouve au milieu de peintures préhistoriques, au cœur de notre civilisation. Qu’il s’agisse ou non du même homme que lors de l’histoire précédente n’a que finalement peu d’importance car le récit n’est pas parvenu à me captiver.
La dernière histoire est à nouveau légèrement plus intéressante à suivre et surtout plus colorée. Usant de tons bleus qui accompagnent le déluge ressenti par l’artiste, l’auteur engloutit la Big Apple dans ses flots, jusqu’à tout recouvrir. Si graphiquement, cela demeure convaincant, cette histoire n’est pas non plus parvenue à m’emballer.
Enfin, cela m’aura tout de même permis de découvrir un éditeur que je ne connaissais pas : Tanibis !
Commenter  J’apprécie         20
C'est beau, indéniablement. C'est bien dessiné, ça donne envie de lire et de se plonger dans la suite du récit. Le côté muet de l'album apporte une touche supplémentaire pas désagréable, et c'est immersif, avec ces pages noires et ces dessins en grand format.
C'est également une BD à l'histoire très sympathique, entre la guerre du Vietnam et le New-York bien différent de l'image jolie qu'on peut en avoir. C'est surtout la vie d'une fille seule, dans un monde violent et où elle n'est pas née dans le bon camp.
Mais cela n'empêche pas que la BD est un peu vite lue quand même, et qu'on se retrouve avec un album qui se relit très vite également. Je retiens le dessin, qui est vraiment beau, et une histoire sympa, mais rien qui ne m'a particulièrement marqué. Dans le genre BD muette, j'avais trouvé que Un océan d'amour se relisait bien mieux.
Ca reste bon, très bon même, mais pas non plus dans la catégorie des indispensables.
Commenter  J’apprécie         10
Pas un mot, des planches élégantes aux couleurs profondes qui servent une histoire pleine de poésie. Lorsque je l'ai découverte, cette bande dessinée m'a séduit.
Commenter  J’apprécie         10