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Critiques de Eric Dudoit (7)
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Ces EMI qui nous soignent

Qui a envie de s’intéresser à sa mort ?

Qui a envie de penser à ses derniers moments ?

Personne. Si ce n’est une démarche volontaire ou si la santé affecte à ce point le corps que l’être se sent « en partance » et attise la peur de la grande faucheuse.



Et pourtant, c’est notre lot à tous de passer de vie à trépas.



A l’hôpital Timone de Marseille, service d’oncologie et de soins palliatifs, il existe une équipe pluridisciplinaire formée spécialement pour faciliter ce passage vers l’inconnu. Sans obligation aucune, sans a priori philosophique, sans forcer les croyances ou démonter les certitudes, pour que le patient puisse faire part de ses ressentis, de ses craintes, de ses interrogations, de son refus de poursuivre un traitement qui retarde quelque peu l’échéance et qui ne soulage plus.



Ce livre est écrit par le psychologue et la sophrologue qui ont créé l’Unité de Soins et de Recherche sur l’Esprit (USRE) et accompagnent les patients en fin de vie ou qui suivent un long traitement de chimiothérapie, contraignant, douloureux et qui ne sert souvent qu’à prolonger la vie. Avec comme priorité absolue le bien-être du patient et de sa famille.



Leur longue expérience de l’approche de la mort, les témoignages recensés, les nombreuses lectures décrivant la sortie du corps, le passage dans une sorte de tunnel qui s’ouvre sur une lumière blanche et accueillante, la sensation de bien-être absolu de ces personnes revenues « de loin », permettent à Eric Dudoit et Eliane Lheureux d’accompagner les malades en leur proposant des temps de paroles, notamment après la vision du film « Faux départ » de Sonia Barkallah, des massages relaxants, un apprentissage à la méditation ou un renforcement de cette pratique spirituelle qu’il faut entendre comme une ouverture de conscience et non comme une sorte de religion. Ils utilisent aussi les mythes qui fondent notre culture occidentale et qui ont été créés pour aider l’Homme à mieux vivre en comprenant son humanité, c’est-à-dire en contactant le divin en chacun.



La première partie du livre ouvre sur quelques cas cliniques : diagnostic médical de l’oncologue ou du chirurgien, traitement suivi, évaluation de la durée de vie, entretien avec le psychologue, puis avec la sophrologue et rapport de chacun.



La deuxième partie parle essentiellement de la démarche humaine faite par les auteurs face au vide psychologique que rencontrent souvent les malades hospitalisés, lourdement médicalisés, qui savent que la clinique est leur dernière demeure. Les auteurs traitent le sujet de la fin de la vie avec pudeur, réserve et questionnement infini (plus de questions que de réponses). Ils s’efforcent de repenser le concept du « bien mourir » au XXIe siècle.



Ils se rendent compte « comme il est difficile [pour un médecin], après neuf ou douze ans d’université et l’écriture d’une thèse, de se rendre compte que parfois un rebouteux ou un medium est plus utile que tant de concepts appris… » (p. 123). Bien entendu, ils ne se prennent ni pour des rebouteux ni pour des mediums, ni pour des « connaissants » mais, bien au contraire, pour des personnes qui cherchent, qui s’interrogent sur les méandres de la psyché, sur la meilleure manière d’apporter un tant soit peu d’apaisement aux malades, mais aussi sur des soucis beaucoup plus pratiques d’acceptation de leurs méthodes par les médecins, de la reconnaissance de leur travail et avant tout de l‘utilité de trouver autant de temps et d’énergie vis-à-vis de mourants en puissance.



Tout le respect, la simplicité et la confiance dans l’homme qu’ont les auteurs, laisse néanmoins entrevoir les difficultés qu’ils peuvent rencontrer dans la clinique, notamment en ce qui concerne une sorte de concurrence face à la toute-puissance de la médecine ancrée dans ses traditions et ses statistiques. Un grand pas en avant est réalisé par la clinique de la Timone en acceptant de joindre à ses services des soins alternatifs qui aident à l’éveil de la conscience de l’ici et maintenant. « Le travail élaboré en confiance permet de se laisser guider par l’intention de l’instant sans stratégie préméditée, sans peur de perdre un pouvoir quelconque ou vouloir acquérir une notoriété aux dépens de ses collègues » (p. 61).



Livre dur par son sujet bien sûr, mais empreint de belle humanité, qui privilégie une approche douce et plus sereine vers cet autre monde dont nous ne savons rien.



Mille mercis à Colimasson d’avoir attiré mon attention sur le travail d’Eric Dudoit et Eliane Lheureux auxquels j’adresse mes souhaits les plus vibrants de bonne et saine continuation au sein de l’équipe de la Timone. A Bruxelles, il existe de telles équipes multidisciplinaires mais c’est la première lecture que je fais par des praticiens au quotidien.



A recommander au même titre que ceux de Raymond Moody et d’Elisabeth Kübler-Ross. Afin que les témoignages de délocalisation de la conscience de millions de personnes de par le monde ne soient plus considérés comme des hallucinations dues aux médicaments ou à une imagination par trop débordante.

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Ces EMI qui nous soignent

Rien à foutre de savoir si les E.M.I. témoignent d’un monde de l’au-delà ou pas. Entre les réducteurs qui affirment que ces expériences sont uniquement la conséquence d’une déflagration hormonale dans le ciboulot et les mystiques qui nous parlent de conscience globale et non localisée, on oublie l’être humain qui vit l’expérience en question.





Eric Dudoit et Eliane Lheureux travaillent dans le service de l’USRE (Unité de Soins Spirituels) à l’hôpital de la Timone, à Marseille. On notera déjà qu’il est spectaculaire qu’un tel service ait réussi à obtenir gain de cause dans le milieu médical. Le premier est psychologue, la seconde est sophrologue. Dans ce bouquin, ils nous montrent que les témoignages d’E.M.I. ont au moins une action avérée auprès des malades en phase terminale, car ils permettent de les apaiser et servent parfois d’intermédiaire pour aborder le sujet de la mort avec leurs proches ou le personnel médical.





Carl Gustav Jung, au siècle dernier, avait procédé de la même façon lorsqu’il interrogeait la signification humaine que pouvait avoir le phénomène de multiplication des témoignages relatant la vision de soucoupes volantes : pourquoi qu’on se branle la nouille à voir des soucoupes volantes dans tous les coins du ciel ? Y en a un ou deux qui en parlent, et puis d’un coup ça germe de partout : ils sont des milliers à avoir vu le ciel se remplir d’objets volants non identifiés ! Rien à foutre d’essayer de trancher si oui ou non, ce sont de véritables extra-terrestres là-dedans, on ne le saura jamais de toute façon à moins de se faire abduquer –et encore, qui sait si ce n’est pas une hallucination qui te fait prendre une pelle pour lady di ? En revanche, quelle richesse de se demander pourquoi ces témoignages prennent une importance considérable à cet instant en particulier, c’est-à-dire : maintenant ! Voilà quoi, l’interrogation est un peu structuraliste, Michel Foucault n’aurait pas dit mieux : on doit toujours se questionner sur les raisons qui poussent un discours à devenir dominant.





Et si les témoignages d’E.M.I. venaient compenser l’écrasement que subissent nos âmes sous le joug du paradigme scientifique moderne ? Les malades, quand ils vont bientôt crever, à n’être considérés qu’à l’instar d’outres remplies de tripes, ont des raisons légitimes d’angoisser sur leur devenir : si je n’ai pas d’âme, alors la mort sera une fin absolue ? Nos religions avaient au moins le mérite d’adoucir les derniers jours de ceux qui se savaient mourants. En niant cela, l’athéisme constitue une véritable barbarie.





Les témoignages et réflexions relevées dans ce livre invitent à réfléchir sur la nécessité d’accueillir la dimension spirituelle dans le cénacle scientifique de la médecine. Les toubibs peuvent continuer à ne croire qu’au matérialisme s’ils le veulent, mais qu’ils autorisent les malades à exprimer leur spiritualité si cela leur permet de maintenir leur dignité jusqu’à la fin.

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La porte à franchir : Témoignages d'un passeur ..

Nous sommes ici bien loin des essais théoriques plein de mots savants. Nous sommes presque dans un roman d’Anna Gavalda, ce que je peux écrire d’autant plus facilement que je n’ai jamais lu ladite auteure.

Foin de la théorie, nous répètent souvent ceux qui en furent biberonnés jusqu’à l’éclatement du gigoulot, faites place à l’expérience. La théorie se trouve dans d’autres bouquins, celui-ci se veut âme et amour, témoignage de vie et de mort, voyage dans d’autres dimensions. Jusqu’où peut-on aller dans la pratique psychothérapeutique spirituelle ? Il paraît même que l’on peut s’entretenir avec une patiente gravement malade et inconsciente dans un espace transitionnel de méditation. La mort est un mystère mes amis et puisque nous n’en saurons jamais rien, c’est dans le silence et le délaissement de l’être qu’on peut essayer d’accompagner les mourants, quand il le faut.



Selon les jours, je peux y croire, selon d’autres jours (comme celui-ci), j’en ai ras le cul – un jour la mort me semble être la suite logique de la vie, un jour la vie me semble être la seule qui vaille. Etre rien, voilà le secret pour vaciller dans l’entre-deux.

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Au coeur du cancer, le spirituel

Le cancer pourrait être une terre d’initiation -pas l’initiation en elle-même mais la crise qui provoque la nuit de l’âme. Faudrait encore qu’on en laisse la possibilité au malade, à l’hôpital et quand il rentre chez lui. De plus se laisser berner.





« Bien sûr, idéalement, nous pourrions nous passer de maladie pour cela et entreprendre le même chemin. Et pourtant, nous les humains, nous sommes si peu simples… qu’il semble que nous ayons besoin d’une « catastrophe » pour commencer à se penser « être en pensée » ; tout en étant assurés que faire le chemin n’éloignera pas la maladie pour autant. »





Je vais encore parler de Jung qui désigne par « individuation » cette mise en pensée. On ne peut pas lui trouver de terme final car l’individuation est un chemin en spirale. On passe toujours par les mêmes étapes mais à chaque fois, le niveau de conscience est plus élevé, on réduit le différentiel Soi-moi. Chaque étape est marquée par cette plongée dans les ténèbres dont on doit se relever seul –même si on peut être guidé pour trouver les forces et sortir d’un mode de fonctionnement binaire. Le guide pourrait déconcerter. S’il est sage, c’est d’une sagesse qui est celle du Qohéleth, et qui renvoie au Qohéleth intérieur de chacun.





« Toutes les paroles sont usées : personne ne peut plus rien proférer ; l’œil n’est pas comblé de voir, ni l’oreille remplie de ce qu’elle entend. Ce qui a été, cela sera et ce qui a été fait, cela sera fait. Il n’y a rien de neuf sous le soleil ! » (Qo. I, 8-9)





« Car dans l’abondance de sagesse, il y a l’abondance de souci, et celui qui ajoute au savoir, ajoute à la peine. » (Qo. I, 16-18)





« Il n’y a de bonheur pour l’homme que de manger et de boire, et de lui faire expérimenter le bonheur dans son labeur. Cela aussi je l’ai expérimenté, comme venant de la main de Dieu, car qui peut manger et se réjouir en dehors de moi ? » (Qo. 2, 24b-25)





Eric Dudoit nous dit que la vérité est un lieu, et c’est le désert. Ici, le cancer envoie les malades dans le désert pour l’expérience de déréliction. Les liens sont coupés. Contre tout illusion prométhéenne (culpabilisante, on le dit pas souvent), Eric rappelle qu’il n’y a pas de victoire à conquérir sur le cancer : « si toutefois il y a un combat, c’est un combat envers nous-même et comme tout combat envers nous-même, il commence par le travail sur la haine et l’amour que nous nous portons et que nous portons au monde ».





La volonté de guérir serait un leurre et si la maladie peut être psychosomatique, nous ne sommes absolument pas assurés de l’existence d’une relation causale entre le corps et l’esprit. Si l’individuation demande de dépasser le mode de fonctionnement binaire de l’appareil psychique, il faut le chasser aussi dans notre appréhension de la maladie. Entre victoire et défaite, il existe peut-être une troisième voie au-delà des concepts et de la théorie.





« [Le vrai] guerrier n’est pas celui qui a une volonté de fer, c’est celui qui a une acuité très claire de ses forces, une lucidité évidente qui lui permet de les ménager, ou au contraire de les mettre en action à des moments clés. […] C’est ainsi qu’un patient peut « gagner » la guerre contre le cancer… en en mourant. »

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Ces EMI qui nous soignent

L’accompagnement des personnes en fin de vie dans les services de soins palliatifs soulève bien des questions sur la mort. Ce questionnement est source d’angoisse et il est bien difficile de l’aborder, d’y mettre les mots qui bien souvent font défaut.



Dans le service d’oncologie médicale à l’hôpital La Timone à Marseille, Éric Dudoit, passionné de théologie et de philosophie, et Éliane Lheureux, sophrologue et praticienne en massage “psychocorporelles”, ont développé un dispositif favorisant cet échange par l’intermédiaire des récits d’E.M.I. ou de certaines citations philosophiques



Cet outil proposé aux patients aide à désamorcer leur anxiété leur permettant ainsi de vivre plus sereinement ces derniers instants, d’envisager la mort non pas comme une fin en soi, mais comme un passage. Dans cette unité on est au plus proche du bien-être du patient, cette thérapie teintée de spiritualité n’apaise pas que les angoisses, elle apaise le corps également, le régénère par des massages énergétiques que prodigue Éliane Lheureux avec des exercices de respirations, de méditation qui les aident à mieux vivre la maladie et ses traitements.



"Nous sommes devenus des compagnons de route, le psychologue, eux, moi, la famille, les soignants, une équipe qui au fil du temps s’est faite de complicité, soins, écoute, échanges, provocations, plaisanteries. L’humour a fait passer des messages de désarroi autant que d’amour se glissant dans une recherche de l’Autre."



Le témoignage des patients, la réflexion des thérapeutes invitent à réfléchir sur cet accompagnement qui démontre que l’on ne peut dissocier le corps de l’esprit, que derrière toute maladie il y a une histoire, une vie.
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La porte à franchir : Témoignages d'un passeur ..

Il y a des livres comme celui-ci qui sont difficiles à résumer, à commenter, car il nous touche au plus profond de nous-mêmes et les mots risqueraient d'en altérer l'émotion que j'ai ressentie en lisant ce magnifique et émouvant témoignage.



Éric Dudoit nous invite avec beaucoup de douceur à le suivre dans l'accompagnement des personnes en fin de vie, faire un bout de chemin avec elles pour comprendre toute la richesse de ces itinéraires de vie, mais aussi la difficulté de mettre en mots l'expérience de la mort à venir, nécessaire pour franchir en paix cette porte s'ouvrant vers tous les possibles.



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La porte à franchir : Témoignages d'un passeur ..

Un livre qui sort des sentiers battus et rebattus sur la fin de vie. Très éloigné des écrits sirupeux sur le sujet, ce livre apporte un éclairage différent qui sonne et résonne pour de vrai comme dirait les enfants. C?est bien souvent en jouant à faire comme si qu?on découvre des morceaux de vérité...
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