Erwan n’a pas repris ses études mais il a trouvé du travail. L’hypermarché du coin l’a embauché comme employé libre service. Ce n’est qu’un temps partiel payé au smic, il lui faudra encore patienter avant de s’acheter une villa avec piscine. N’empêche, le nombre d’heures qu’il passe devant sa console de jeux s’est considérablement réduit : il n’en est plus qu’à quatre heures par jour.
Je me sens vaguement déprimé, tout à coup. Pas abattu mais déprimé. Je vais devoir faire preuve de sérieuses ressources mentales pour faire
. Heureusement, je suis bien armé de ce côté-là. Mentalement costaud. Un roc, une volonté en acier trempé. Du moins, c’est ce que je ne cesse de me répéter.
En espérant que ça marche.
La seule chose dont elle est certaine, c’est qu’une fois terminées ces questions et tout ce merdier, elle se retrouvera seule – enfin seule! – que ce soit en taule ou dans un établissement spécialisé et là, ce sera bon, vraiment bon de ne plus entendre personne gueuler et avoir la paix. Elle a vraiment hâte. Et même s’ils continuent de bourdonner autour d’elle – sa mère, les flics et les types en costumes cravates – elle ne les voit pas, ne les entend plus. Elle sait ce qu’elle a à faire. Se taire et attendre que ça se passe. Comme à la maison. Et ça, elle sait faire.
Voilà. Il est temps de tourner la page. De vivre libéré du poids du passé. [...] La journée s’annonce splendide. Louis est pressé de rentrer sur Paris, pressé de goûter à sa liberté nouvelle; déjà, une multitude de projets fourmillent dans sa tête et il se sent d’humeur joyeuse.
J’observe mon père.
Même s’il est moins moche, il ne vaut intellectuellement pas beaucoup mieux que la directrice. Il fait de son mieux mais il est limité. Résultat, il végète comme prof de maths dans un lycée. Quant à ma mère, elle semble se contenter d’un contrat temporaire à la médiathèque de la commune. Je crois que la seule chose qu’elle soit vraiment capable de réussir, c’est la tarte aux pommes. Et encore, elle réserve toujours la plus grosse part à mon père. Alors qu’elle ferait bien de me la donner, j’en ai besoin pour ma croissance.
Tu vois mon gars, je vais te dire un truc. Un truc vraiment important. Dans la vie, un problème chasse l'autre. C’est quelque chose qu’on apprend avec le temps. Si tu crois pouvoir être tranquille un jour, je te le dis tout de suite, tu te mets le doigt dans l'œil et profond ! La vie, c’est une succession d’emmerdements. Tu crois avoir fait le plus dur et une tuile te tombe sur le coin de la gueule et te voilà reparti au charbon !
Merci à toi, Christ supplicié sur la croix
Merci pour cet ultime recours avant naufrage.
La tentation divine et la quête du pardon
Mais pour quel autre crime que celui d’être vivant ?
Je remarque une chose : quand je me mets à trépigner sans m’arrêter en devenant tout rouge, ma mère finit toujours par faire ce que j’ai envie.
Aujourd’hui, je sais que là où manquent les mots se crée le vide.
Un vide que rien ne peut combler, ni la volonté, ni le temps, ni les rêves.
Il faut se bouger, voilà ce qu’il faut faire ! Et puisque je suis sympa, je vais vous donner mes trucs.