Ma poésie n'est pas comprise.
on la dit inutilement difficile,
trop narrative,
cultivant les hiatus les rejets les enjambements
Mais j'ai dû enjamber les cultures, les continents,
et j'ai voulu tout raconter, porter témoignage... émotion
comme il vient en mon ventre :
ce que j'ai vu c'est le heurt... la violence,
ce que j'ai entendu c'est la discordance.
C'est pour l'humain que je chante,
les climats tempérés de l'amour,
les tertres étoilés des géographies noires
où ne s'érigent plus la haine,
la course libre de l'Amazone parmi les forêts
d'émeraude
O douceurs, ô monde, ô musique ! Et là, les formes, les sueurs, les chevelures et les yeux, flottant. Et les larmes blanches, bouillantes, - ô douceurs ! - et la voix féminine arrivée au fond des volcans et des grottes arctiques...
Mais les années ont trop passé, trop usé, je ne sais plus. Quoi ? déjà la vieillesse et l'escale ? Parmi les sauges je veux naître, renaître après la neige, enfant, chrysalide pour m'éveiller dans le vent de l'énigme.
Jamais je ne me suis ennuyé des mots,
ces portes sur autre chose,
ces pyramides cachant la vérité
qui dort,
enfermée depuis des siècles,
ne demandant qu'à ressusciter,
momies engoncées
dans leurs bandelettes.
La poésie est un onguent de l'infini, une arche échouée sur le mont de toutes les langues. L'exercice de l'existence invente sa parole universelle.