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Citation de Charybde2


Le 28 avril 1789, la révolution commença ainsi : on pilla la belle demeure, on brisa les vitres, on arracha les baldaquins des lits, on griffa les tapisseries des murs. Tout fut cassé, détruit. On abattit les arbres ; on éleva trois immenses bûchers dans le jardin. Des milliers d’hommes et de femmes, d’enfants, saccagèrent le palais. Ils voulaient faire chanter les lustres, ils voulaient danser parmi les voilettes, mais surtout, ils désiraient savoir jusqu’où l’on peut aller, ce qu’une multitude si nombreuse peut faire. Dehors, il y avait une masse de trente mille curieux. Mais on n’est désarmés, on n’a que des bâtons et des pavés. Et voici que les gendarmes arrivent. La foule lance une grêle d’injures et de sifflets. Depuis les toits, il pleut des pierres et des ardoises. On dépave la rue de Montreuil. Quel bonheur de caillasser les argousins ! Pas de liberté qui ne passe par là. La cavalerie avance contre la foule ; les gens reculent, dans la bave des chevaux, face aux sabres qui brillent. Alors, les soldats arment leurs fusils et tirent. Une première salve tue beaucoup de monde, la foule glisse contre les murs, se rencogne où elle peut ; on jette des tuiles depuis les toits, on hurle. Mais les fusils sont à nouveau chargés – feu à volonté ! Des dizaines de morts jonchent la rue. À ce moment, on se débande. On court, on se bouscule, c’est la grande lessive sous le ahan du ciel. Les femmes crient aux soldats de ne aps tuer, d’avoir pitié ! Les coups repartent, les morts s’entassent, les cavaliers parcourent les rues, crevant le dos de ceux qui fuient. On parle de plus de trois cents morts et d’autant de blessés. Les cadavres furent jetés dans les jardins alentour, sur les charrettes à fumier, entassés. Il y eut aussi quelques pendus. Puis, on marqua au fer rouge des émeutiers, que l’on envoya aux galères. Et on raconte qu’à part celle du 10 août 1792, ce fut la journée la plus meurtrière de la Révolution.
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