Ernest Saint-Paul

Voilà qui n'est pas banal !

Un biographe qui n'aime pas son personnage, qui ne l'estime pas et lui trouve une moralité douteuse, un biographe qui rechigne à consacrer du temps à un escroc affabulateur et prédateur ...

Finalement Gwénael Murphy, relevant le défi, a décidé d'exhumer de l'oubli le manuscrit d'Ernest Saint-Paul où ce dernier a fait le récit de son existence.

Alors, disons-le tout net !

Ce manuscrit est très mal écrit, et très fastidieux à lire.

Mais il se révèle pourtant dans sa dernière partie assez intéressant.

Le titre, "les mémoires d'un forçat", renvoie inévitablement à une littérature de genre où les noms de Vidocq, celui de Jean Valjean, de Chéri-Bibi mais aussi plus récemment celui d'Henri Charrière (Papillon), parlent à notre imaginaire.

"L'Histoire des bagnes" de Pierre Zaccone est un de ces livres, devenus rares, qui font référence en la matière, avec les nombreuses biographies oubliées qu'il contient.

C'est qu'il est passionnant de redécouvrir les parcours des vies d'anonymes, pour peu qu'elles soient émaillées d'un peu d'Histoire.

G. Lenotre, avec sa "Petite Histoire", a passionné des générations entières, et suscité de nombreuses vocations avec ses récits exhumés de vieux papiers, découverts dans de vieilles maisons.

Mais pourquoi, ici, dans l'introduction ce terme de "micro-fiction" ?

S'agirait-il en l’occurrence de tuer le Père ?

D'ailleurs, l'introduction de ce livre est un peu floue, et pèche parfois par excès d'enthousiasme ...

Comparer Ernest Saint-Paul au Martin Eden de Jack London ne serait-il pas aussi un tantinet présomptueux ?

Quand au corps du livre, il se révèle très inégal.

Son premier chapitre est totalement inintéressant, et n'apporte rien à L Histoire.

Puis le récit s'amorce et prend un peu d'épaisseur.

Mais de la guerre, de la Commune, de son expérience de versaillais, Ernest Saint-Paul ne dira rien, ou presque.

Pourtant la dernière partie de l'ouvrage, celle consacrée au bagne, s'avère plus intéressante, plus détaillée et plus pittoresque.

Mais, au final, "Mémoires d'un forçat" est un ouvrage qui m'aura peu passionné, et que j'ai lu avec le regard fixé par dessus ma lecture vers un éventuel prochain bouquin.

Il semble néanmoins contenir tous les ingrédients d'un bon bouquin, malgré tout je suis passé à côté ...

En lisant l'introduction de ce livre, j'avoue avoir été un peu chamboulée.

D'après le résumé, cette histoire raconte la vie d'un homme "rocambolesque". L'historien qui a retranscrit les mémoires d'Ernest Saint Paul commence par "Le premier contact avec ce manuscrit produisit en moi des sentiments contradictoires". Les pages suivantes de l'introduction détaillent les raisons et la nature de ces sentiments. En résumé, les premières impressions de Gwénael Murphy sur le texte ont été : le personnage principal (Ernest Saint Paul) est menteur, macho, malhonnête et très peu attachant. Tellement que notre historien a abandonné sa lecture après quelques jours !



Je dois être honnête, je n'aurais jamais lu ce livre si je ne l'avais pas reçu à l'occasion de Masse Critique.

Mais, après quelques jours de tergiversations difficiles, j'ai eu la détermination de commencer la lecture.



Je ne pourrais pas contredire M. Murphy quand il dit qu'Ernest est macho. Et je ne pourrais pas non plus le contredire quand il dit qu'il est malhonnête et carrément pas attachant. En plus, j'ai eu du mal à apprécier la lecture, l'auteur ayant écrit ce manuscrit en 1870. Attendez ! Ne partez pas si vite ! Je sais que je n'ai convaincu aucun d'entre vous pour le moment. Mais j'ai aussi eu de bonnes impressions sur le texte !

Tout d'abord : L'époque. L'histoire se déroule à la période de la commune de Paris, si méconnue, si invisible dans les livres ! J'ai adoré découvrir le point de vue d'un homme moyen, peu impacté par les événements. C'est impressionnant de voir comme l'histoire change quand on bascule de point de vue !



Ensuite, Ernest Saint Paul est un bagnard, détesté des hommes de son âge, incompris. Un arrière-gout de Jean Valjean est apparu à la fin du livre. (Par contre, Victor Hugo avait un style d'écriture bien plus agréable…).



Pour finir, je dirais que j'aime connaitre l'avis de bonne gens sans importance, perdus dans le tourbillon d'une époque étonnante.



Quand j'ai commencé la lecture de ce livre, je ne m'attendais à rien. Je ne peux pas dire que j'ai été déçue, ou époustouflée. Mais c'était plus ou moins intéressant de découvrir un nouveau genre de lecture ! Merci à Babelio de m'avoir permis de le découvrir et j'espère continuer à lire des livres étonnants grâce à eux !

Livre très intéressant sur bien des points.



Premier point , vivre l’histoire de notre pays à travers les yeux de quelqu’un l’ayant vraiment vécu, même s’il est vrai qu’on peut douter de certains de ses témoignages, ajoute un certain dynamisme au récit. De plus cela nous permet de comprendre la logique et le point de vue des gens de l’époque et de remettre les choses en perpective, loin de notre vision moderne.



Deuxième point, le fait que le récit soit annoté par un maître de conférence en histoire moderne nous permet d’une part de différencier ce qui est historique de ce qui a été volontairement modifié par l’auteur afin de se donner plus d’importance et d’autre part de comprendre la psychologie de l’auteur.



Sur ces annotations je trouve cependant le format pas forcément des plus pratique. Toutes les notes du paragraphe en cours sont placées à la fin du chapitre ce qui nous oblige à faire de nombreux aller-retours dans le livre à raison d’une moyenne de 3 notes par page.



Le style du livre est assez moderne et se lit par conséquent assez bien. Quelques passages sont cependant un peu confus par moment. Manque de connaissances historiques de ma part ou omissions de notre personnage histoire ? Je ne sais pas.



Pour ceux qui ont envie de découvrir un pan peu connu de notre histoire française, ce livre est une bonne occasion.