Nous ne sommes pas sans repères. Quand la nuit avait langui dans les basses-fosses du cirque, les forces étaient consumées. Avant, les épouvantes étaient venues, poursuites, arrestations, interrogatoires, tortures, souillures. Durant la nuit, les fauves avaient secoué les grilles ; leur agitation, leurs hurlements laissaient une trace profonde dans les sens. Plus terrible encore était le murmure des voix qui, depuis l’aube, commençaient à emplir les gradins. Il était gai, plein de curiosité. On se disputait les places ; des camelots vantaient des rafraichissements. Plus tard arrivaient les notables, les chevaliers et sénateurs, enfin César lui-même. Ceux qui pensaient et sentaient autrement étaient l’immense majorité.
Puis les grilles s’ouvraient ; on poussait la poignée d’hommes dans l’arène. Le soleil aveuglait. Mais il était moins fort que l’intérieure lumière. Ainsi s’écroule les empires, ainsi change le monde.