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Citation de collectifpolar


– Bien, alors tu demandes aux collègues de renforcer les patrouilles dans la Baie et d’ouvrir l’œil cette nuit. Tu m’avertis immédiatement si vous constatez un truc. N’importe quoi, tu m’appelles ! O.K. ?
– Ça marche.
– Toi, Jo, tu appelles ton boulot pour leur dire que tu risques d’être un peu à la bourre. On passe au poste de police avant que tu partes. Je les connais bien, les

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Le lotissement dans lequel vivait Alexandre Céroque et son épouse Natasha se réduisait à un alignement de maisons identiques, mitoyennes par le garage avec un carré de jardin côté cour. Un vrai labyrinthe de ruelles et d’impasses dans lequel tout le monde se perdait la première fois. Un conglomérat uniforme et ennuyeux qui prenait les allures d’un rêve inaccessible pour Jo.

Elle ne salivait pas devant les demeures de maître d’Yprat, mais elle s’autorisait à rêver à ces habitations proprettes et sans grâce tout en sachant qu’elle ne pouvait pas s’offrir le loyer et encore moins l’acquisition.

Ils se garèrent et à peine eurent-ils ouvert leur portière qu’Alex se précipita vers eux, sous les nuages d’acier. La pluie recommença à tomber.

« Entrez vite ! Le café est prêt. »

Natasha les observait sur le seuil. Elle jeta un regard noir à Cédric, ne salua personne et s’éclipsa. Alex leva les yeux au ciel et tenta d’excuser son attitude en de telles circonstances.

« C’est toujours à cause de…

– Te fatigue pas, mon grand ! lança Cédric en lui tapant sur l’épaule. On ne la refera pas.

– Allez, entrez. Alors, c’est quoi cette histoire ? Suzy s’est barrée ?

– Pas exactement. Elle a menti à Jo. Elle ne répond pas au téléphone et elle n’est pas encore rentrée. Alors, sa mère la cherche partout. Comme t’étais de service vendredi et samedi, je voulais savoir si tu avais vu Suzy ou un truc bizarre. Enfin, tu vois.

– Ben, écoute, pas grand-chose. Même rien du tout, pour tout te dire. C’était le calme plat. D’ailleurs, on s’est bien fait chier ce week-end ! Le seul truc que j’ai consigné dans le registre, c’est le passage chez toi. Désolé, Jo. »

La mère de Suzy n’avait pas ouvert la bouche depuis que Cédric avait pris les choses en main. Elle adressa un piteux signe de remerciement à Alex, « le beau gosse » comme l’appelaient les vieux et les jeunes, les hommes et les femmes.

Embarrassé par ce surnom à ses débuts, il en plaisantait volontiers désormais. Cependant, il avait conscience et abusait de l’attrait qu’occasionnaient son mètre quatre-vingt-huit, sa carrure de handballeur et ses boucles auburn qui faisaient ressortir ses yeux vert clair. Natasha, sa femme, le savait également, ce qui avait entraîné son exil temporaire chez Cédric quelques années auparavant, le jour où elle avait surpris des mots que son mari n’aurait dû prononcer qu’à elle seule, et non au téléphone, planqué à l’arrière du garage.

« O.K., fit Cédric après un instant de réflexion que Jo et Alex avaient respecté dans une attente silencieuse. Alex, tu prends ton poste dans combien de temps ?

– J’allais y aller.

– Bien, alors tu demandes aux collègues de renforcer les patrouilles dans la Baie et d’ouvrir l’œil cette nuit. Tu m’avertis immédiatement si vous constatez un truc. N’importe quoi, tu m’appelles ! O.K. ?
– Ça marche.
– Toi, Jo, tu appelles ton boulot pour leur dire que tu risques d’être un peu à la bourre. On passe au poste de police avant que tu partes. Je les connais bien, les collègues du commissariat. Je vais leur glisser un mot, comme ça eux aussi, ils vont ouvrir l’œil. S’il y a du nouveau, je vous appelle tous les deux. C’est bon pour tout le monde ? »
Jo et Alex acquiescèrent.
Tant d’efforts et de sollicitude pour maintenir Jo dans l’illusion que tout cela n’était pas grave. Tant de minutes passées à croire que la vie reprendrait sa routine rassurante.
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