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Citation de Stellar


Ses bras en tombèrent. Sous le choc, il lâcha son coupe-chou. Raide et aussi pâle qu'un marbre. Une raideur de cadavre drapé dans sa blouse blanche de barbier. Un mort debout. Tétanisé, comme croyant à un mauvais rêve.
Dix fois, cent fois, depuis ce jour où il avait été contraint de la raser, il avait imaginé cet instant où il se retrouverait confronté à la jeune fille, espérant et redoutant à la fois cette confrontation. Dix fois, cent fois il avait murmuré, hurlé le mot, ce mot unique qu'il étouffait dans l'oreiller pour ne pas inquiéter sa femme :
- Pardon... Pardon... Pardon ! Pardon !! Pardon !!!...
Il s'endormait chaque nuit avec ce mot là à la bouche, le visage barbouillé de ses larmes d'homme lâche, d'homme faible. Il emportait dans ses songes l'image de la jeune fille en robe de mousseline de soie blanche assise sur sa chaise, tête nue. Tête nue, oui : son ouvrage et sa honte !
L'image continuait de le hanter au réveil, durant les repas, au travail, derrière ses paupières closes, ses yeux grands ouverts, s'invitant à l'improviste dans le miroir à la place de la tête d'un de ses clients.
C'était la tête nue d'un oiseau déplumé aux yeux fixes et graves.
Celle-là même que Maria Salaün lui offrait maintenant de l'autre côté de vitrine de sa boutique.
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