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Citation de Partemps


I

Tu as perdu tes pages
Ne t’habite plus que le vent
Ta peau est sèche
Tu dors dans le tronc
lamelles du non-écrit
cachées dans le coeur du bois
Ses mains sur toi, frère
L’ivre qui ne sait lire ta peine
a ses yeux d’aveugle
au bout des doigts
Il se lit en toi
Il prononce ton absence
Son regard s’émiette à chaque pas

II

Ils sont venus de loin
De mots pleine la bouche
sans mémoire
Le soir, une vierge couchée
parmi les herbes folles
depuis l’origine du temps
Ils ont des forêts et des diables
Elle a le sable et la foudre
Ils veulent habiter son ventre
Elle chasse les abeilles
Elle s’envole avec l’ange
Ils butinent le vide

III

Il a dormi là
Ses pieds ont laissé des traces
sur la voie des moineaux
Le chant des cigales fort dans les champs
Les rayons du soleil,
ces contre-ombres du ciel partout
sur les choses de la terre
Une paupière s’ouvre
et c’est la grâce du vu
dans la forêt sidérale
Te parler, te lire
à l’aube des pensées sauvages
buvant ton encre vermoulu, tes ronces
fleuris d’un sourire doux
Plus rien dans la vue
Un creux dans le mot

IV

Il ignore tout sens
Les sens l’envoûtent
Son corps écartelé
montre le creux de ses entrailles
La fée habite dans son foie
Il ne sait mourir
Sans prononcer le mot mort
Livre, tu as tous les mots
tout le temps, tout le sang blanc
d’avant l’encre
La nuit écrit
de ses ailes de corbeau
une litanie sur tes hanches

V

Ce qui gicle du vu
quand les mots s’éteignent
serait-il la chose même
dépouillée de sa carapace de lettres
pur souffle de la matière
surgi des lèvres mouillées
de pluie si l’air de tête
annonce aux blancheurs assises
sur tes genoux la venue muette
d’un chant de disparition

VI

Il marche seul
sous le ciel étoilé
Le soleil écoute l’aphonie des champs
Partout le sang
partout des maisons détruites
par la folie humaine
Il pense à l’arbre
aux feuilles qu’il offre
au baiser de la lumière
Le coeur bat
ses pas défient la nuit
L’obscurité s’ouvre
Les mots tracent
leur parole de feu sous ses semelles
Au loin des vagues sauvages
dansent sous l’écume du temps
Leur cri érigé contre les ténèbres
L’écrit quelque part en lui
comme une promesse nue

VII

Livre, ces jasmins qui poussent de tes mains
Ces vers bleus au fond de tes entrailles
Livre, tes côtes, tes vertèbres
qu’une bouture d’air empale
ce sont les touches d’un orgue de jade
qu’aucune musique ne retient
Il écoute ta voix vibrer
le vent d’août comme un peigne sur les prés
Lépreux, ses plaies fleurissent sur son front fade
Il vient d’où? D’où cette fatigue d’esclave
à l’heure où les guêpes bourdonnent
parmi les ronces l’instant d’un souffle?
L’air le respire, le tient
Ses mots de chair au bout de sa bouche
dévorent son destin
Un parfum de thym
Une page pousse de ses mains
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