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Citation de Charybde2


Quatre ans d’université du côté de Fulton Street, sociologie, études urbaines puis retour à la socio – j’étais encore loin du compte quand j’ai pris place, un soir de juin 2004, dans ce café à touristes de Jefferson Street pour attendre une fille qui, selon toute vraisemblance, ne se montrerait jamais.
Avachi sur une énorme banquette rouge, plongé dans la section « rencontres » d’un journal de petites annonces, je réfléchissais à la meilleure façon dont je pouvais me présenter. La vérité : sportif du dimanche un peu trop porté sur la bière, mais accommodant et fondamentalement bienveillant. Portrait plausible : brun ténébreux à mèche rebelle, fin connaisseur de jazz, pas d’attaches familiales rédhibitoires. «Tu es futé, tu es marrant, mais il y a quelque chose de sombre en toi», m’avait glissé un jour la petite amie de mes 15 ans. J’étais en train de méditer sur ce verdict lorsqu’une fée gracile s’est installée en face de moi. Elle était, m’a- t-elle signifié, l’amie de mon rencard. «Pas trop déçu ?» Rousse et bouclée, fluette, une peau presque diaphane. Son rouge à lèvres était particulièrement vif, mais c’étaient surtout ses yeux qu’il était impossible d’ignorer : verts et trop grands, striés de reflets dorés. «Irlande», ai-je pensé. Avec les premières mesures de Danny Boy en arrière-salle.
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