Fanny Henry

Vera fait preuve d’un tel engouement quand elle me questionne sur mes enfants, que j’en ai chaud au cœur. Quant à Stefan il semble s’être pétrifié sur place à l’évocation de ma vie de famille. Je ne distingue plus rien dans ses prunelles charmeuses. Son mutisme ne me perturbe pas outre mesure et je continue de répondre à ma collègue.
— L’aînée, Violet a huit ans et Jack a six ans.
Vera fait mine de passer sa main devant les yeux de Stefan. Elle aussi a remarqué son changement radical d’attitude.
— Je crois que nous avons perdu Stefan. La Terre appelle Stefan !
Mon collègue remue légèrement la tête comme pour désembuer son esprit.
— Oui… oui, excusez-moi, je me suis égaré dans mes pensées !
— On a bien vu. Alors, Lana, tu… vous avez quelque chose de prévu avec tes enfants et ton mari, samedi soir ?
Le souvenir de Nick m’explose à la figure, mais je tente malgré tout de ne pas m’apitoyer sur mon sort en formulant une réponse franche à Vera.
— Je ne suis pas mariée. Mère célibataire. Enfin bref, Violet a un gala de danse, samedi soir, je suis désolée. Ce n’est que partie remise.
— D’accord, on sortira en tête à tête alors, Stefan. Stefan ! — Oui, oui euh… d’accord.
Stefan a carrément balbutié en répondant à l’invitation, cela ne lui ressemble pas. Le fait que je sois maman est si déroutant que ça pour lui ? Je me demande bien en quoi cela change quoi que ce soit dans notre relation de travail ou même amicale.