Fanny L. Caldwin

J'avais conscience que j'étais celle, de par mes confidences, qui leur avait autorisé à débattre ainsi de ma vie sentimentale. Mais qu'elles puissent s'arracher, même psychologiquement, les cheveux pour une telle histoire me déplaisait fortement. Me retenant de les frapper pour leur remettre les idées en place, je préférai enfouir mes doigts dans ma bouche pour siffler. Elles s'immobilisèrent toutes les deux, les yeux écarquillés. Je pris une profonde inspiration et déclamai avec calme.

Son charme amusé creva telle une bulle de savon. Il se tendit, brusquement sombre et orageux, puis serra les poings. Il avait de nouveau cet air dangereux et effrayant qu'il avait arboré juste avant de cogner l'homme dont le seul nom le mettait visiblement dans tous ses états.

Une vague de déception et de chagrin s'abattit sur mes épaules. Mais plutôt que de me laisser submerger, je verrouillai mes émotions en un vieux réflexe familier. Mes traits se figèrent en un masque glacé et sombre derrière lequel je me retranchai.

Cet homme était parfaitement conscient d'être l'incarnation du charme et de la luxure. Mentir ne ferait donc que le pousser à jouer davantage avec sa proie, en l’occurrence moi.

C'est une chance pour nous de commencer une vie là où se trouvent nos racines.