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Citation de enkidu_


Les soufis ont souvent eu à traiter le point de savoir lequel de l’amour ou de la connaissance était supérieur à l’autre. Même si au cours de la progression initiatique ils considèrent que l’amour est la vertu spirituelle la plus noble, ils disent également qu’au plus haut niveau les deux notions se confondent ou encore donnent réciproquement naissance l’une à l’autre sans qu’il soit possible de parler de supériorité.

Les poèmes soufis symbolisent souvent l’Essence divine par le personnage de « Laïla » [la nuit, nom de jeune fille que les soufis ont choisi pour symboliser ainsi l’état de non-manifestation ('Amâ) de l’Essence divine] pour l’amour de laquelle « Majnün » (le fou) perd la raison. Laïla représente aussi la Beauté et l’Essence divine qui restent inaccessibles pour celui qui se trouve encore en deçà des frontières de son propre « Moi ». Chaque fois que « Majnün » frappe à la porte de Laïla, celle-ci demande : « Qui est-ce ? » et Majnün répond : « C’est moi. » La porte reste alors fermée jusqu’au jour où Majnün emporté par son amour répondit : « C’est toi. » La porte lui fut alors ouverte. C’est là l’allégorie bien connue de Jalalu-Ed-Din Rumîj qui ajoute : « L’amour est cette flamme qui, lorsqu’elle s’élève, brûle tout : Dieu seul reste. »

C’est le désir de s’unir au Bien-Aimé divin qui inspire au grand mystique Abû Yazîd Bistamï l’oraison suivante :

« Jusques à quand y aura-t-il entre Toi et moi le moi et le Toi ? Supprime entre nous mon “ moi ” ; fais qu’il devienne tout entier ton “ Toi ” et ne sois plus mon “ moi Mon Dieu, si je suis avec Toi, je vaux mieux que tous, et si je suis avec moi-même, je vaux moins que tous. Mon Dieu, l’exercice de la sainte pauvreté et la pratique des austérités m’ont fait parvenir jusqu’à Toi ; dans Ta générosité, Tu n’as pas voulu que mes peines fussent perdues. Mon Dieu, ce n’est pas l’ascétisme, la connaissance par cœur du Qurân et la science qu’il me faut ; mais donne-moi une part dans Tes secrets. Mon Dieu, je cherche mon refuge en Toi et c’est par Toi que j’arrive à Toi. Mon Dieu, si je T’aime, rien de moins étonnant, puisque je suis Ton serviteur, faible, impuissant, et nécessiteux ; ce qui est étrange, c’est que Tu m’aimes, Toi, qui es le Roi des rois ! Mon Dieu, actuellement je Te crains, et cependant je T’aime si passionnément ! Comment donc ne T’aimerais-je pas lorsque j’aurai reçu ma part de Ta miséricorde et que mon cœur sera libre de toute crainte ? »

Cet appel est déjà en soi une réponse, car aimer Dieu, c’est d’abord être aimé par Lui, comme le déclare la Parole coranique : « Il les aime et ils L’aiment » (Qurân, V, 54). (pp. 173-175)
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