Merci à Mesrives de m'avoir fait découvrir ce texte.
En hommage à cette jeune femme Mahsa Amini arrêtée par la police des moeurs et morte aujourd'hui le 17 septembre en Iran.
Voici un extrait "des mots sont mes armes"
...Dans le deuxième chapitre, « Les contraintes de la beauté », j’analyse le croisement de la beauté féminine, de la mobilité restreinte et de l’érotique de la passivité en Iran et dans d’autres cultures. Je demande pourquoi, les femmes statiques - les beautés dormantes - sont adorées, alors que celles qui se déplacent - les sorcières volantes (toujours des femmes) - sont calomniées. Ce chapitre, plutôt schématique qu’exhaustif, discute des instants et des lieux différents ainsi que des diverses pratiques d’embellissement hors de leurs contextes historiques et culturels.
"La deuxième partie, « Les ailes et les mots », est une célébration d’une composante importante de cet « autre Iran caché et confisqué ». Les femmes écrivains iraniennes, qui ont refusé de disparaître de la scène publique, sont parmi les figures les plus influentes de l’Iran contemporain. Elles ont produit une masse de littérature contestataire et interrogative, avec une vitesse que la littérature persane n’avait encore jamais expérimentée. Elles ont acquis une stature de haut niveau, réservée dans le passé uniquement aux hommes. Même si elles n’ont pas obtenu le niveau de reconnaissance internationale qu’elles méritent et que seulement quelques traductions de leurs œuvres sont exceptionnellement disponibles en anglais, et même si elles sont largement absentes des anthologies littéraires mondiales, elles ont tout de même produit une masse impressionnante de littérature et sont considérées comme l’emblème le plus menaçant du changement pour toutes sortes d’extrémistes. Les quatre chapitres de la deuxième partie leurs sont consacrés. Cette partie se concentre, surtout, sur quatre femmes écrivains majeures, trois poétesses et une romancière, qui construisent leurs univers sur la base de métaphores spatiales du mouvement et du confinement. Les contributions de Tâhereh Ghorratol’Ayn, Forough Farrokhzad, Simine Behbahani et Shahrnoush Parsipour au monde des lettres ont été aussi extraordinaires que leur défi lancé contre les dispositions anciennes de l’apartheid sexuel. Tâhereh qui refusa la discrimination sexuelle et célébra la liberté de mouvement (et de conscience), est reconnue comme la mère symbolique du mouvement des femmes en Iran. Les thèmes jumeaux de l’envol et de la captivité sont présentés comme le pivot central de la poésie de Forough Farrokhzad. La candeur et le courage de Simine Behbahani - la poétesse Gitane - l’ont transformée en symbole de la résistance et de l’intégrité à l’intérieur et à l’extérieur du pays et ont donné à l’Iran une poétesse nationale, pour la première fois, dans sa tradition littéraire glorieuse. Et Shahrnoush Parsipour prouve que les questions du confinement et du déplacement sont au centre de l’univers artistique des femmes et l’axe principal de leurs écrits.