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4.17/5 (sur 3 notes)

Nationalité : Côte d'Ivoire
Né(e) à : Aboisso , le 11/09/1935
Mort(e) à : Abidjan , le 16/06/2019
Biographie :

Né le 30 septembre 1935 à Aboisso et mort le 16 juin 2019 à Abidjan, Fatho Amoy est un poète ivoirien. Il obtient son baccalauréat en lettres classiques à Paris, avant de s'inscrire à La Sorbonne, où il étudie l'espagnol et le portugais. Rentré en Côte d'Ivoire, il exerça au ministère de la Jeunesse, des Sports et de l'Éducation populaire. Créateur des revues Jeunesse et Culture puis Pollen en 1972, Fatho Amoy a été lauréat du Mérite Français et des Palmes Académiques Françaises, avant d'enseigner à l'université d'Abidjan durant de longues années.

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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
« Désormais »

Des éclairs éperdus avaient sabré la fête,
Et le duo s’aigrit à jamais en duel.
Nos lèvres perdirent le secret des baisers
D’eau douce, de menthe et de souffles d’oranger.
Nos silences croisaient des épées de pierre.
Que janvier rallume la rose porcelaine
Ou le candélabre royal du flamboyant,
Nous ne retournerons jamais plus ensemble à
La colline du triomphe où nous élevâmes
Avec ferveur la fleur versatile du bonheur.
La lune et le soleil ont tissé tant de jours
Et de nuits sur ton visage que ton visage
N’est plus que songe au miroir sans tain de l’absence.
Ton nom, un cri perdu au cœur des fondrières.
Aux ronces de l’oubli s’effiloche ton ombre.
Désormais je suis le seul pasteur de mes rêves.
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« Avis »

Voyageurs du soir qui suivez la rumeur
Des vagues et l’étoile bleue des baies,
Gardez-vous de trop songer à vos songes
Et d’héberger pour longtemps les chagrins
Qui saccagèrent votre vie passée.
Il est au bout de la nuit une terre tout ensemble
Proche et lointaine que le jour naissant
Exalte d’hirondelles et de senteurs de goyave.
Un pays à portée de cœur et de sourire
Où le désir de vivre et le bonheur d’aimer
Brûlent du même vert ardent que les filaos.
Craignez de le traverser à votre insu :
Les saisons sur vos talons brouillent le paysage ;
Mais chaque pas est la chance d’un rêve.
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« Toi »

Ta chevelure
Aux senteurs du premier matin
Ton nom
Au gazouillis de roucoulier.
Ton sourire
À la nudité d'éclair et d'aurore.
Tes mains
Porteuses d'aras et de manakins
Doucement vers mes intimes palmiers.

Qu'ai-je souhaité
Qu'ai-je donc désiré
Avant toi ?
Or le monde est si riche,
Si beau,
Et moi je l'ignorais !
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« Grand vent »

Les frontières de l'ombre et du jour
S'étaient hérissés de cris inouïs.
D'étranges frissonnements avaient parcouru
L'herbe dans l'air étale des midis.
Personne n'y prit garde tant que se fût réveillée
L'aurore aux cymbales exaltées des vents.
Les nuées déchaînées chassèrent de tous les horizons.
Les villes, sous leur galop, dérivèrent longuement.
Les coutures des forêts craquèrent.
Les arbres descendirent en tumulte vers la mer
Avec leurs peuples de fruits et d'oiseaux...

Il faut bien que dans notre vie se lève un jour
De grand vent qui rompe toutes les amarres !
Heureux les bateaux et les barques qui s'enfoncèrent
Dans la nuit noire
Sans rameur ni capitaine
Guidés seule par la liberté !
Un jour où nous puissions suivre le chemin qui nous plaira,

Sous le soleil ou sous l'orage,
Ou tout simplement
Courir aux armes
Pour changer
Et les hommes et la vie !
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« À celle qui dort »

Une main plus légère que souffle a tiré
Tes paupières sur le vertige ininterrompu
Du manège. Entre les masques, le carquois
Et les flèches flamboient encore les désirs indomptés.
La soif de durer allume de dangereuses fêtes.
Mais la nuit est un long voyage solitaire.
De ton destin le hasard a fait son empire.
Les mirages et les dieux se partagent l'espace et les eaux.
Si les bras du Grand Fleuve sans heures frémissaient
Soudain au bâillement des piranhas et des murènes,
Ta vie ne marquerait pas plus que l'ombre
Des nuées la face de l'onde !
Sur le radeau de l'aventure où tu t'embarques
Chaque soir, tu ne laisses pas moins de toison
Que l'agnelle égarée aux ronces des pentes.
Souviens-toi, le matin, lorsque le jeune soleil
Infuse en ton cœur l'ivresse et l'orgueil,
Que chaque aurore est une chance et un miracle.
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« Sous le pont de nos cœurs »

Las des velléités où s'effilochaient la
Trame d'or des plus beaux de nos jours, soudain nous
Rêvons de départs matinaux pour des chantiers
Fiévreux où se marieront nos élans naissants.
L'enthousiasme brûle en nous plus ardent que trois
Coupes de rhum bues à jeun au seuil de l'assaut.
Et la nuit offrait à nos songes impatients
La forêt et la savane, des villes, mille
Villages innommés balançant à l'amarre
Dans le bleu des baies, sur la houle des collines.
Ils ne sont pas nostalgie de vacances, mais
Délivrance, attente dénouée dans le vent
Et le soleil : sous le pont de nos cœurs s'accordent
Les gestes du bonheur et les murs montent droit
Dans le jour, et les parcs et les jardins rayonnent.
Rentrez vos mains, braves gens, engrangez vos dons.
Il nous suffit de l'éclat des façades dans
La gloire du matin et du parfum loyal
De l'ilang-ilang sur les marches roses des heures.

Ah, la douceur de la sueur au soir de l'œuvre !
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On m'écrit chaque jour qu'au village
les ans font bien des ravages.
Des cours entières se dépeuplent
où l'on ne conte plus le soir.

Pourtant dans ma mémoire qui s'afflige
les rires bruissent aussi doux que jadis
et les colombes d'ébène roucoulent toujours
la complainte de l'absent, chère à mon cœur.

J'arriverai au temps des flamboyants
à l'heure ombreuse où les cocotiers balancent
encore le sommeil des hameaux entre leurs palmes.
Au débarcadère, quel ami m'attendra !

Quelles mains pour la bienvenue,
me ceindront le front du bandeau blanc !
Quelles mains, si tu n'es pas là,
Si tu n'es plus,

Ô mère !
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La voix de mon pays
je l'ai entendue pour la première fois
dans celle de ma mère :
elle est douce à l'égal de son étreinte.

Plus tard lorsqu'elle m'est revenue,
j'errais orphelin sur des terres lointaines :
elle est tendre
plus que jamais voix ne fut.

La voix de mon pays est
unique
sous le soleil !

Dans les chemins abandonnés de l'extrême été,
lorsque s'élève le lamento d'automne,
il est des soirs où je crois entendre comme un frisson.

Le souvenir inapaisé des palmiers.
Les sources dévident en moi des filets couleur d'herbe
où rit un soleil qui jamais ne se couche.
Je ne songe à rien sinon à mon royaume,
La forêt de mon enfance, s'ébrouant à toutes les branches
Dans le vent fou d'hivernage.

Naguère l'hiver me ramenait
dans un village que se partagent
moineaux et fontaines. Je n'attendais
personne ; mais une jeune fille
survint. Elle me chanta des rivages
lointains où les fleurs règnent toute l'année ;
des collines inviolées où rien ne vient troubler
les rêves d'amour. Douce était sa voix.
Et moi, j'écoutais, le cœur en désordre,
En songeant aux nuits de mon pays,
lorsque les jeunes filles attendries
ploient à l'unisson leur taille sombre
sous l'étreinte du tamtam vainqueur.

En rêve une voix m'a dit :
si tu vas au tamtam du soir
et que tu vois tomber une étoile,
le souhait que tu formeras
se réalisera dans l'année.

Jadis au village, une femme m'a dit :
« à la fête des ignames,
si tu ouvres ta fenêtre
et que tu entends chanter un oiseau,
chante aussi,
et toute l'année, ton cœur chantera ».

L'autre nuit,
le ciel était bleu,
très bleu ;
et j'ai vu s'envoler la plus belle étoile.

Ce matin,
le soleil brillait
lorsque j'ai ouvert ma fenêtre.
Sous la ramée un oiseau chantait.
Et j'ai dit à l'étoile et à l'oiseau :
« dans les prochains jours,
la nouvelle année fera son entrée dans
mon beau pays d'Ivoire
à grand arroi de fleurs et de jeunes filles
endimanchées.
Déjà je sens mon cœur se prendre
aux tresses de leurs chants.
Me laisserez-vous défaillir d'attente ? »
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J'ai longtemps aimé jadis,
Sous la cithare des palmes
Et la flûte onduleuse des bambous,

Les pentes accordées
Que se partagent l'érythrine
Et la liane de corail.

Chaque jour dédiait
De nouvelles sources
À ma soif.

Les silencieuses
Éclosaient au détour des entiers
Dans l'ombre étale des halliers

Les folâtres
Couraient à travers plaines
Et riaient en effeuillant les galets.

À la fraîcheur des ramures
Jaillissaient les somptueuses
Épanouies en ménures.

Elles chantaient l'éternelle jeunesse
La beauté couleur de nuit
Des jeunes filles en maraude.

Je les retrouvais toujours
Au hasard de l'errance, bleues de tous les feuillages mirés
Et je repartais avec elles
Les mains vides
Le cœur lourd de joie.

Ne vous étonnez pas, mes amis
Si parfois ma voix se trouble
Et que mon chant se fait incertain
J'ai bu aux sources éblouies où se mirèrent les fiancées...
Depuis, mes pensées sont ailleurs.
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« Pollen »

J'ai visité en des villages de savane
Et de forêt des écoles sages noyées
De soleil et de gazouillis où les enfants
Et les fleurs poussaient à l'unisson ; et je rêve
Souvent de classes frémissantes de corolles
Penchées avec ferveur vers des baies éblouies
En la soif des brises porteuses de pollen.
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