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Critiques de Fatos Kongoli (11)
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Tirana blues



Trois personnages principaux dans cet étrange roman albanais.

Platon, universitaire qui se pose beaucoup de questions sur le sens de son couple; aujourd'hui dans le coma suite à une explosion dont il fut victime.

Erald, un jeune désoeuvré, à qui la vie n'a jamais souri, planqué dans une pièce aveugle en attendant il ne sait trop quel événement. D'une manière ou d'une autre, il a participé à l'attentat qui a envoyé Platon à l'hôpital.

Enfin, l'enquête est confiée à l'inspecteur Kurti, flic désabusé qui tente de survivre dans une institution corrompue jusqu'à l'os.



Alternativement, ces trois personnages nous livreront des monologues. Que ce soit des retours sur le passé que chacun tentera de mettre en perspective pour expliquer comment ils sont arrivés là où ils sont, dans des situations qu'ils ne maîtrisent plus; ou que ce soit des réflexions plus générales sur le sens de la vie, la leur en particulier, ils sont seuls, dans leur tête et dans leur vie.

Et finalement, c'est peut-être cela le fil conducteur de ce roman noir: la solitude de l'être humain, au centre d'un monde qui a perdu son humanité, où l'argent est roi et la corruption son valet.



Je ne suis pas certaine d'avoir capté toutes le intentions de l'auteur. Quoi qu'il en soit, sa peinture de la société albanaise au début des années 2000 est désespérante et désespérée; un portrait bien fidèle aux émotions que l'on ressent après avoir tourné la dernière page.

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La vie dans une boîte d'allumettes

Cela m’ennuie de vous ennuyer, mais je me suis fortement ennuyé à la lecture de ce roman. Je crois que je renonce pour un certain temps à la littérature albanaise.

Comme Dragon d’ivoire, La vie dans une boite d’allumettes nous montre l’avant-après de l’Albanie – avec un héros un peu plus jeune, qui a connu l’ouverture au monde à la fin de son adolescence. Ayant commis un meurtre pour lequel il n’éprouve aucun remords, puisqu’il ne s’agit pas à ses yeux d’un meurtre mais d’un ridicule accident dont la jeune tzigane est responsable, il n’est absolument pas sympathique à mes yeux. Avoir grandi « dans une boite d’allumettes » dans un pays coupé du monde ne justifie pas tout. Qu’il paraisse sombrer peu à peu dans la folie non plus, lui qui s’adresse à Veronika, la célèbre présentatrice qui l’a quitté ou apostrophe son lecteur/auditeur qui ne lui en demandait pas tant et n’a plus trop envie de l’écouter.

Comme Dragon d’ivoire, la narration alterne présent et passé. De même, nous passons d’un narrateur à un autre, d’un point de vue à un autre sans beaucoup de fluidité, avec parfois, l’impression de redite. La lecture fut hautement laborieuse, et pourtant, j’avais commencé ce livre avec beaucoup de bonne volonté (elle m’avait quitté au deux tiers du livre).

Un avis que je me dépêche d’écrire, avant de tout oublier sur ce livre.
Lien : http://wp.me/p1EW7i-1BM
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L'ombre de l'autre

Kufoma

Traduction : Edmond Tupja



Au contraire de celui de Kadare, le style de Kongoli, si l'on en croit la traduction d'Edmond Tupja, est très soutenu, sans pour autant flirter avec une longueur de phrases qui finit par les rendre pratiquement incompréhensibles en une seule lecture. En outre, l'auteur dose ici avec une grande subtilité le réalisme des petits détails quotidiens et l'onirisme diffus et pour terminer aveuglant qui nimbe le décalage, tout d'abord peu marqué et conscient, puis de plus en plus envahissant et basculant dans l'inconscient, avec lequel le narrateur envisage son passé et son présent.



Mais jamais son avenir. Comme beaucoup de héros, semble-t-il, de Kongoli, Festim Gurabardhi, malgré son prénom qui signifie joyeusement "Célébration", se révèle incapable de concevoir un avenir qui, de toutes façons, le terrifie.



Au début du roman, le lecteur a l'impression de se trouver face à deux héros (ou anti-héros, comme on voudra). D'emblée (mais il ne le sait pas), il a sous le nez la faille qui, depuis l'enfance, se creuse dans la personnalité de Gurabardhi et qui, grâce au soutien implacable du système policier et juridique albanais, va finir par l'engloutir tout entière. Mais c'est lentement, en retournant souvent en arrière, sur les pages précédentes, que le lecteur découvre que l'"homme" évoqué à la troisième personne dès le premier chapitre du roman, cet "homme" hanté par les traits creux et sinistres d'un certain juge d'instruction dénommé Valmir D., ne fait qu'un avec Festim.



Au début en tous cas, Festim conserve suffisamment d'humour et de poésie pour évoquer son enfance d'orphelin élevé par une grand-mère et un frère au prénom révélateur, Abel. Poursuivi par les sbires d'Enver Hoxa, Abel a été arrêté sous les yeux du petit garçon, et puis s'est pendu dans sa cellule.



Abel a abandonné son frère mais n'est-ce pas parce qu'il avait deviné que son frère était Caïn ? ... Si tu veux survivre aux Abel de ce monde, ne dois-tu pas, surtout sous une dictature, te transformer en Caïn ? ...



Là, évidemment, le lecteur comprend : il comprend que la démence est latente chez Festim. Une démence engendrée certes par le traumatisme vécu dans l'enfance mais aussi par les conditions d'existence qui furent les siennes à cette époque et que cet enfant hypersensible partagea avec la majorité des Albanais. Conscient d'avoir eu plus de chance que son frère - mais jusqu'à quand ? - Festim Gurabardhi passera le reste de sa vie à fuir, dans la terreur que ne le rattrapent les images de plus en plus chaotiques de son enfance et de son adolescence, ce Valmir A., infect petit tueur de chats qui fut son premier ami et dont le père travaillait pour la police d'Etat, le mari de sa soeur Irma, que celle-ci surnommait Bubi mais qui, pour Festim, devint très vite Valmir B. parce que lui aussi travaillait pour la Sécurité, et enfin le fameux juge d'instruction, Valmir D., qui s'était occupé de sa propre affaire lorsqu'il avait été compromis auprès de la justice pour avoir lu et résumé des livres étrangers pour le compte de son rédacteur-en-chef (qui, d'ailleurs, le dénoncera plutôt que de risquer sa tête).



"L'Ombre de l'Autre" nous invite en fait à partager le cauchemar du narrateur. Mais le pire n'est pas là, non : le pire arrive quand on comprend que ce cauchemar, des milliers et des milliers d'Albanais l'ont vécu - les détails changeaient mais le fond restait le même. Froid, réfrigérant, avec cependant quelque chose de posé, de lent et une pointe d'absurdité typiquement kafkaïenne - qu'est-ce que le stalinisme, sinon l'univers de Kafka matérialisé dans notre réalité ? - ce livre ne peut donner qu'une seule envie : découvrir son auteur et ses autres ouvrages. D'ailleurs, j'ai acheté "Tirana Blues." ;o)
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Le Dragon d'ivoire

Le quatrième de couverture de ce roman est pour le coup particulièrement juste, et il devrait être n avertissement pout tout ceux qui se plongerait dans la littérature albanaise.

Que savons-nous de ce pays ? Quasiment rien. Que découvrons-nous à la lecture de ce livre ? Que l’Albanie a eu des échanges avec l’URSS, avec la Chine, que de jeunes albanais sont allés y étudier (tout comme l’auteur en son temps), mais qu’ils pouvaient ne pas y retourner, sans qu’on leur donne d’explications pour ce qui sonnait comme un bannissement. Que ce soit en Chine ou en Albanie, ils sont épiés, espionnés, dénoncés, tout est suspect dans le moindre de leur geste, leur moindre rencontre. Les délateurs, les espions sont anonymes, les mises en garde et les menaces obscures, métaphoriques. Les conséquences sont bien réelles. Est-ce pour cette raison que la fille du personnage principal lui écrit avec tant de détachement, que personne ne s’offusque qu’elle épouse quasiment le premier venu – tant qu’elle est mariée, donc à l’abri. Est-ce le régime communiste qui a privé ainsi les albanais de tous liens amoureux, amicaux, familiaux un peu comme si tous voulaient se venger de leur vie précautionneuse, minutée, en déversant ses rancœurs, ses actes manqués sur d’autres.

J’ai pensé à Kafka aussi, tant les situations sont absurdes, tant les liens de cause à effet sont implicites.

Que dire aussi de la vision de la Chine par les étudiants albanais ? Nous ne savons pas ce qu’ils étudient, nous savons qu’ils sont des idées reçues sur les chinois(es), sur les américains, que tout ce que dit l’organe officiel est forcément vrai. Nous voyons maintes brèves rencontres, maintes occasions perdues, maints petits incidents, alternant chapitres courts et chapitres amples sur le séjour en Chine. Nous avons le personnage principal et un double, qui lui écrit de très longues lettres, avec un destin parallèle au sien, et une vision très différente de ce qu’a été la vie du personnage principal.

De la dimension métaphorique se double une dimension fantastique : il donne voix aux morts, dans la grandeur et la décadence d’un gouvernement. ils sont les témoins involontaires de ce temps qui a passé, de ce temps révolu : « [i]Toutes ces histoires sont déjà dépassées, chacun de nous les a emportées dans sa tombe. Nous les gardons enfermés dans la prison de notre mémoire d’hommes morts ».[/i]

[i]Le dragon d’ivoire[/i] est un ouvrage ardu, âpre, pour tous ceux qui s’intéressent à l’Europe de l’Est.
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Tirana blues

Te porta e shën pjetrit

Traduction : Edmond Tupja



C'est dans l'Albanie de 2003 que se déroule l'action de "Tirana Blues", et toujours en milieu urbain. Enver Hoxha est mort depuis vingt-trois ans et le régime communiste qui lui avait survécu, l'un des plus répressifs au monde, s'est effondré depuis douze. Une république parlementaire et démocratique s'est installée en lieu et place, à peu près comme dans tous les pays jadis soumis au communisme et retournés à une liberté au moins nominale avec l'effondrement de l'URSS et de son immense bloc de nations-satellites. Mais, comme souvent également, la mafia, une mafia à la slave, dont la violence n'a rien à envier à l'originale sicilienne, s'est installée avec elle. Fatos Kongoli nous démontre ici que n'importe qui peut avoir affaire à elle, même s'il n'a jamais, de toute son existence, trempé dans des opérations crapuleuses.



"Tirana Blues" est un récit à trois voix : celle de la victime, Platon Guri, universitaire victime d'un attentat qui met ses jours en grave danger, celle de l'enquêteur, l'inspecteur Zabit Kurti, qui se persuade bientôt que l'attentat est lié à un complexe immobilier détenu par la mafia albanaise, et celle d'Erald Periakou qui, sans savoir ce qu'il allait faire, a véhiculé le poseur de bombe, l'un de ses amis d'enfance. Peu à peu, l'histoire se développe, chaque voix ayant droit à un chapitre où elle raconte - et se raconte ...



Aux portes de la Mort, Guri est surtout préoccupé de sa situation affective et sexuelle. C'est vraiment l'"intello" du groupe, dont les idées sont telles que le lecteur se demande vraiment qui, à part peut-être un amant jaloux de son épouse, aurait pu commandité l'attentat. Cette voix-là symbolise aussi une certaine classe sociale de l'Albanie actuelle, dont les membres n'ont pas vraiment à s'occuper de ce que sera fait leur lendemain.



L'inspecteur Kurti, lui, a tout du limier. Un limier malheureusement tenu en laisse par ses supérieurs hiérarchiques, lesquels, bien qu'on ne soit plus sous la tyrannie totalitaire, sont toujours susceptibles de corrompre et d'être corrompus. D'ailleurs, l'un des collègues de Kurti, qui enquêtait sur le fameux complexe immobilier surnommé "Les Sept Garages", a été froidement abattu à la mitraillette, un soir qu'il rentrait chez lui. Fonctionnaire honnête mais aux mains liées, craignant parfois pour sa vie et pour sa famille, Kurti représente une classe moyenne qui aspire à une existence normale, rangée et véritablement démocratique mais qui doit encore courber l'échine pour survivre.



Erald Periakou, lui, est né à la campagne, dans une famille peu aisée mais forte des traditions de la vieille Albanie. Son frère, Mark, l'a pris chez lui, à la ville, afin qu'il puisse réaliser le rêve de leur père disparu : faire des études et devenir médecin. Mais Erald, bien que bon élève, est très vite attiré par des camarades que, dès leur adolescence, la Police a pris l'habitude de surnommer "les marchandises avariées." Il est surtout fasciné par Altin Kora et sa jeune soeur, Klodi. Et c'est pour rester en contact avec celle-ci, pour pouvoir lui rendre visite, lui parler et, qui sait, aller plus loin, qu'il devient l'un des familiers d'Altin. Altin qu'on retrouve un jour, une balle dans la nuque, après l'attentat survenu à l'universitaire. Altin, qui avait posé la bombe. (Mais pour qui ?) Altin, qui avait demandé à son vieux copain de lui servir de chauffeur jusqu'à la rue du professeur Guri. En apprenant son assassinat, Erald comprend qu'il n'en a plus pour longtemps et que, même s'il ne sait pas grand chose, il est devenu trop dangereux pour ceux qui ont décidé de l'attentat. Son frère tente bien de le mettre en sûreté mais ceux-là mêmes qu'il a payés pour ce faire abattront Erald sans état d'âme ...



A la fin - à la toute fin - on apprend le nom du commanditaire de l'attentat. Un nom qu'on avait déjà lu plusieurs fois auparavant, un nom qu'on avait peut-être soupçonné soi-même. Mais la raison de l'attentat est si futile, si effarante : le commanditaire, fort de son argent et de sa puissance, est sûr que cela lui permettra de se rapprocher de la veuve, qu'il désire en secret depuis longtemps.



Voilà comment et pourquoi Platon Guri, qui n'avait jamais eu aucun lien avec la mafia albanaise, mourut de la main d'un de ses tueurs. Si certains membres de la police tentèrent de résoudre l'affaire, d'autres, dans la même administration, s'acharnèrent à contrer leurs efforts. Et l'affaire du professeur ne fut jamais officiellement résolue.



C'est amer, c'est sans espoir, mais c'est superbement écrit aussi. Alors, laissez-vous tenter. ;o)
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Tirana blues

Platon Guri est professeur de philosophie. Marié à une célèbre romancière qui allie le talent de l’écriture à la beauté physique, il est victime d’un attentat à la bombe devant son garage. Cet attentat aurait été commandité – mais aucune certitude n’émerge, tout au long du roman – par son épouse, qui, de réputation publique, multiplie les amants. Pour ce faire, elle aurait payé le jeune Altin qui, lui, a demandé à Erald Periakou de l’accompagner. Altin et Erald se connaissent depuis l’enfance. Ils ont grandi dans la banlieue de Tirana, là où l’on surnomme les nouveaux venus de la campagne les Tchétchènes. Erald est tombé amoureux de la sœur d’Altin, Klodi, et s’est fiancée avec elle, négligeant ses études au grand dam de son frère aîné, Mark, chargé de son éducation après la mort de leur père.

A travers ce récit à trois voix – celle de Platon Guri dans son coma, d’Erald Periakou dans sa réclusion et celle de l’inspecteur Kurti à travers ses rêves –, Fatos Kongoli dresse un portrait succinct mais précis de l’Albanie contemporaine. En même temps, il dresse le portrait psychologique de personnages qui s’interrogent sur le sens de leur vie ainsi que sur leurs envies d’amour et d’ailleurs.

Avec Erald Periakou, il dresse l’itinéraire d’un jeune homme dont la famille est venue s’installer à Tirana et qui, au contact des prostituées et des trafiquants de drogue, échoue lamentablement dans ses études et glisse sur une pente dangereuse. Erald tente l’expérience de l’immigration, en Grèce, mais celle-ci se termine dans l’atmosphère chaude et moite d’une grange, rythmée par les coups des policiers grecs. Sa fiancée, Klodi, espère quant à elle rejoindre sa sœur aînée en Italie qui est l’autre Eldorado des Albanais.

Platon, lui, est le portrait d’un Albanais contemporain, dévoré par sa jalousie et sa frustration sexuelle, attiré par des étudiantes aguicheuses et qui connaît, l’espace d’un week-end, l’expérience d’un amour qui renait. Le souvenir de ce moment le hante durant son coma et c’est en choisissant mentalement l’amour pour cette jeune fille qu’il rejoint Saint-Pierre.

L’inspecteur Kurti, enfin, moins présent que les deux autres personnages, est l’occasion pour Kongoli de montrer à quel point la violence et la peur ont contaminé la société albanaise. Il est le regard distancié par rapport à l’enquête : ainsi on apprend que des liens éventuels existent entre le chef de la police albanaise, des ministres et des députés et des personnages louches, à la tête d’établissements nocturnes qui participent au trafic de drogue et à la prostitution. A aucun moment, l’inspecteur ne peut étayer ses thèses, faute de témoignages. Pis, il sait que des preuves ne serviront à rien, et que le moindre de ses dossiers ne pourra convaincre son supérieur de continuer l’enquête. L’inspecteur est ainsi le miroir d’une société gangrénée par la mafia.
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Le paumé

Au début des années 1990, des milliers d’Albanais quittent leur pays, s’embarquant pour l’Italie pour fuir une vie sans avenir et un passé rongé par le cauchemar communiste. Tous ne partent cependant pas, certains trop jeunes, d’autres trop vieux pour avoir quelque chance de s’en sortir à l’étranger.



Thesar Lumi, lui, embarque, hésite, et au dernier moment quitte ses compagnons de voyage pour retourner vers sa banlieue.



Narrateur dans ce court roman de sa propre vie, Thesar Lumi s’appelle lui-même le paumé, « un médiocre parti de rien pour arriver nulle part, vie anonyme fondue dans l’anonymat d’une banlieue perdue, si proche soit-elle de la capitale. » Si Le paumé est un livre poignant, ce n’est pourtant pas parce qu’il verse dans la description pathétique d’un individu raté, mais bien au contraire parce que Thesar Lumi, homme effectivement à priori banal, parle pour tout un peuple profondément gangrené par le désespoir et l’oppression de la société albanaise des années communistes.
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Le paumé

Tirana Blues de Fatos Kongoli ne m'avait pas franchement convaincue.



En revanche, Le paumé m'a beaucoup intéressée. Il se déroule dans les années 60 - 70 avec un épilogue en 91 à la chute du communisme en Albanie et à la fuite vers l'émigration de nombreux albanais.



Je me suis intéressée au personnage "paumé" et je l'ai volontiers suivi dans ses tribulations.



"paumé"?



Pas tant que cela. l'enfant a découvert assez tôt la malédiction de sa famille : un oncle qu'il n'a jamais connu s'est enfui à l'étranger. Toute la famille du "traître" est entachée de cette faute. L'enfant apprend d'instinct comment réagir, cacher cette tache, forger un masque d'hypocrisie. Comme il apprend à se défendre de la violence qui l'entoure. Violence des autorités en la personne du directeur d'école, violence du quartier de banlieue où il apprend comme les autres à se défendre avec ses poings, à encaisser les coups et éventuellement à manier le couteau.



Bon élève par là-dessus, après une scolarité dans un lycée de Tirana il est accepté comme étudiant. Il doit être beau garçon (il ne s'en vante jamais) parce qu'il obtient des succès féminins inespérés. Il suscite aussi des amitiés fidèles.



Paumé?



Il est surtout vulnérable. Ses relations avec les personnes de la Nomenklatura sont fragiles. Il suffit d'un faux pas, il se retrouve dans cette cimenterie qui fait penser à un bagne où il casse des pierres à chaux. Une soirée alcoolisée pour que tout chavire et qu'il se retrouve au poste. L'alcool aide à supporter ces violences quotidiennes.



Garçon d'une banlieue défavorisée entré par effraction au Blok quartier réservé aux privilégiés du régime il est plutôt mieux armé pour la survie que son ami fils de ministre qui se suicidera à la disgrâce de son père. On découvre que nul n'est à l'abri de l'arbitraire.
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Tirana blues

Les polars et les romans noir font visiter les recoins et les quartiers où un touriste avisé ne s'aventure jamais.



Polar ou roman noir?



Un peu des deux. Il y a certes une enquête policière mais ce n'est pas l'essentiel.



Bien sinistre, bien glauque, que les trois histoires de ce roman choral. Celle de la victime (une des victimes) un professeur d'âge mûr doit avouer à sa femme qu'il l'a trompée, histoire sordide. Celle du policier, qui enquête sans conviction sur le meurtre du professeur. La troisième voix est celle d'un petit voyou qui a trempé à son insu dans l'affaire. Les trois voix se croisent. bien glauque parce que les personnages sont tous déprimés, se laissent entraîner dans des affaire plutôt minables. Sinistre, cette banlieue qu'on appelle la "Tchétchénie" aux constructions illégales,. Même le week end à Sarandë et à Llogara en plein hiver n'est pas franchement rayonnant.



Si pour vous, polar veut dire thriller, ce n'est pas pour vous, le rythme est lent. Plutôt noir alors?
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Le Dragon d'ivoire

Un homme solitaire et vieillissant repense à sa vie. Ce scénario toujours propice aux découvertes déroutantes et aux réflexions désabusées acquiert dans Le dragon d’ivoire une dimension d’autant plus dénuée d’optimisme que l’homme en question, un Albanais, se range parmi les nombreux perdants ordinaires du communisme.
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L'ombre de l'autre

Un livre sous fond de politique communiste des années 70 en Albanie ou comment la vie professionnelle et privée d'un journaliste s'articulait durant ces regimes durs et dictatoriaux....

La place tres importante du sexe et de la boisson en font un livre dérangeant et en même temps passionnant.

Je l'ai lu avec un certain plaisir.
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