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Citation de OhSolene


Les mères et épouses de clandestins traversaient les aubes comme on descend dans l'arène. Dans une région où l'espoir des familles dépend encore des bras disponibles, celles dont le fils étaient partis faire fortune ne pouvaient compter que sur elles-mêmes. Beaucoup de gaillards, restés au village, rechignaient à leur prêter main-forte : ils n'allaient quand même pas boucher les trous laissés par ceux qu'ils enviaient ! Les mères et épouses de clandestins se tuaient à la tâche, gagnaient des miettes et trouvaient d'innombrables astuces pour sustenter leur marmaille. Leur vœu le plus cher était de ne jamais déranger personne avec une quelconque demande mais, parfois, l'estomac de leurs petits exigeait plus que le courage d'une mère. Epouvantées par le fond vide de leur marmite, elles sortaient, puis revenaient les bras chargés de victuailles et les épaules basses, écrasées d'affront. Bien que cette réalité leur fût commune, chacune essayait de cacher aux autres ses périodes de vaches maigres. On peut souffrir de la gale, mais de là à se gratter en public, il y a une marge à ne pas franchir. Arame déployait sa propre stratégie, mais, parfois, les plis de son visage la trahissaient, car on y lisait : jour de carence, jour de désarroi, jour de crédit, jour de honte.
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