ROMANCE DE LA LUNE, LUNE
La lune vint à la forge
Avec sa jupe de lavande.
L’enfant la regarde, la regarde.
L’enfant reste à la regarder.
Dans le vent attendri
La lune agite ses bras
Et montre, lubrique et pure,
Ses seins de dur étain.
Enfuis-toi, lune, lune, lune.
Si venaient les gitans,
Ils feraient avec ton cœur
Des colliers et des anneaux blancs.
Petit, laisse-moi danser.
Quand viendront les gitans,
Ils te trouveront sur l’enclume,
Tes petits yeux fermés.
Enfuis-toi, lune, lune, lune,
J’entends déjà leurs chevaux.
Petit, laisse-moi, ne foule pas
Ma blancheur amidonnée.
Le cavalier s’approchait
En battant le tambour de la plaine.
À l’intérieur de la forge, l’enfant
A les yeux fermés.
Parmi les oliviers venaient,
Bronze et rêve, les gitans.
Leurs têtes redressées
Et les yeux entrouverts.
Comme elle chante la chouette,
Ay, comme elle chante sur l’arbre !
Dans le ciel passe la lune
Tenant un enfant par la main.
À l’intérieur de la forge pleurent,
À grands cris, les gitans,
Le vent la veille, la veille.
Le vent reste à la veiller.