AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Feng Tang (2)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Une fille pour mes 18 ans

Ce récit nous fait vivre les obsessions de Qiu Shui, adolescent chinois qui ne manque pas de ressources intellectuelles, pour la découverte des filles et de leurs charmes. Dans ce domaine, il a une sorte de mentor, un vieux délinquant expert en la matière, Kong Jianguo. Avec ses copains Zhang Guodong et Liu Jingwei, il multiplie les petites expériences, surtout en fantasmes. Après avoir bien focalisé sur les seins des deux soeurs Che, des jumelles d'origine coréenne habitant dans son immeuble, il lorgne après une autre fille du voisinage, rêvant de passer toute sa vie auprès de la belle Zhu Shang.

Nous suivons donc ce garçon (peut-être bien l'écrivain lui-même, puisqu'il deviendra comme lui médecin) et ses potes, qui découvrent les joies de la transgression et qui ne pensent qu'à la manière d'approcher les filles, de les séduire, et de concrétiser quelque chose d'un peu sexuel. Car ces jeunes sont en phase d'apprentissage, et s'ils ont la langue bien pendue sur le sujet, ils ne sont encore actifs qu'en fantasmes, et notamment en branlettes sur magazines érotiques dérobés sous le lit de papa. Qiu Shui passe pour avoir des facilités scolaires, mais s'il s'installe au premier rang de sa classe, c'est d'abord pour prendre place à côté de Zhu.



L'intrigue est assez squelettique, et pour tout dire, bien pauvre en scènes suggestives : ces ados s'excitent tout seuls, et ont bien du mal au-delà de leur bagout à concrétiser leurs fantasmes ! On a des difficultés à s'attacher aux personnages car la technique narrative de l'auteur ne permet jamais de se poser. Il n'est jamais dans la description d'un présent, mais dans une sorte de survol rétrospectif de ses années de jeunesse gentiment dépravée. Il ne nous fait pas vivre les scènes, il relate des anecdotes à la chaîne sans s'attarder, et nous propose sans cesse des incursions dans le futur avec aussi peu de souci d'installer ses personnages. Cela se traduit par des phrases dans le genre (ce n'est pas une citation) « Plus tard, nous serions devenus ceci, ou cela, nous vivrions tel truc, et machin, cet obsédé, paix à son âme, mourra de cela ». On se demande ce qui pousse l'auteur à tant d'urgence ! Ce livre est complètement foutraque, comme un chaos permanent et manque de cohérence, de fil conducteur.



Mais il y a un bon côté de la médaille : le vocabulaire et le style sont très imagés, originaux, l'auteur manie brillamment la plume, le style est vif, percutant, original, très moderne, c'est indéniable. Ça décape, ça décrasse, pas étonnant que l'écrivain, seulement âgé de 33 ans en 2004, ait choisi de publier ce roman par internet, pour éviter les coupes éditoriales qui auraient sans nul doute été exigées par le pouvoir. L'urgence que l'on ressent en permanence traduit l'avidité des jeunes chinois pour la découverte des plaisirs à l'occidentale, une jeunesse débrouillarde voire magouilleuse pour braver les interdits. Parmi eux il y a toujours la question de la sexualité, de son expression dans la société, et même de sa promotion, qui commence pourtant bien à se faire, mais à l'époque encore sous le manteau.

Feng Tang parvient à donner l'illusion d'aventures endiablées à ce récit qui en est assez dépourvu, grâce à une écriture au rythme échevelé. Il est comme une véritable pile électrique, qui manie la langue avec une grande dextérité, provocation et humour, ce qui fait dire rapidement qu'on tient un vrai talent, surtout si l'on considère quelques très belles pages plus poétiques et tendres.



Ce roman ne peut clairement pas être pour moi un livre de chevet, mais il constitue une découverte intéressante d'un énième auteur chinois méconnu, qui nous renseigne sur l'évolution des mentalités et de la société chinoises, de Deng Xiaoping jusqu'à nos jours.

Commenter  J’apprécie          170
Une fille pour mes 18 ans

Pour vous donner un résumé cadré voici ce qui est noté en quatrième de couverture :

Qiu Shui est obsédé par les seins des filles. L'une d'entre elles, Zhu Shang, le hante en permanence. Cet adolescent brillant, peu sensible à la morale prodiguée par sa mère ou par son professeur de vie politique, préfère s'en remettre aux conseils de son mentor, un délinquant plein d'expérience, se perdre dans la lecture d'Henry Miller et des classiques chinois de l'érotisme, ou encore miser sur les relations de son père pour tirer son épingle du jeu. Il est prêt à tout pour ne pas se laisser imposer une vision du monde et de son avenir : ni l'argent ni le travail n'intéressent cet enfant de la "réforme économique".



Qiu Shui est un personnage extrêmement attachant même s'il connaît les révoltes de tout adolescent qui se recherche. En fantasmant les filles et en rêvant de leurs courbes bien dessinées, il pense faire ses premiers pas dans le monde sexué. Bizarrement, on sent ce secret espoir d'effleurer le corps féminin comme un refuge pour ne pas véritablement se lancer. Le contraste entre la sexualité, qui a l'air de le tourmenter, et les études, où il est une tête en littérature sans vraiment étudier, laisse à penser que c'est encore un grand garçon à l'aube de sa majorité.



Je prends à nouveau appui sur le livre : Une fille pour mes 18 ans est un roman d'apprentissage d'une grande liberté de ton, mêlant vérité crue, tendresse et humour. C'est aussi le portrait d'une génération iconoclaste dans la Chine des années 80, et dont l'insolence tient lieu de conscience politique.



Je confirme que ce livre est puissant par le vocabulaire employé, non qu'il soit riche mais il est solidement pesé. On a l'impression d'avoir un François - héros du Diable au corps de Radiguet - tout dévoué à l'amour mais en même temps campé sur ses a priori. On traverse son imagination sans limites et qui ne connaît pas de tabous, avec plaisir, en se délectant des petits détails et autres trouvailles d'un adolescent en plein changement.

Ne vous attendez pas à un petit livre sans conséquence, car vous pourriez être surpris voire choqués par le mécanisme intérieur de ce Qiu Shui.
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Feng Tang (4)Voir plus

Quiz Voir plus

The Vampire Diaries (Saison 1)

Où se rencontre pour la première fois, Stefan Salvatore et Elena Gilbert ?

Dans le cimetière de Mystic Falls
Aux toilettes des hommes
Sur le pont Wickery
Au manoir des Salavtore

16 questions
110 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}