Plein de copains ? Plein de copains retraités aux cheveux gris, qui comme moi, mais pas pour les mêmes raisons, ont une mémoire de poisson rouge ?
Pouf, oublie m’man, c’est plié !
Je vois l’École du Louvre comme un endroit chaleureux où l’esprit collectif frôle le zéro pointé et où l’ambiance est digne d’un bal de mormons dépressifs. Un mois à l’École du Louvre et j’ai envie de partir sauver les ours polaires au pôle Nord. Mon état du moment : je pleure souvent et regrette tout le temps. Pour la première fois, je me trouve toute chamboulée ; plus les jours passent et plus c’est visible.
Mal à l’aise avec mon pull tricoté, je rougis comme si j’avais avalé un champ de coquelicots.
J’ai des glouglous dans la tête : « Ridicule, je suis ridicule et tellement mal fagotée ! » Mal assurée, j’avance, je marche comme avec des bigoudis sous les orteils.
Sans me mentir, je suis là ce soir comme un pingouin dans le désert.
Les douze premiers mois d’une vie sont magiques, les mois suivants sont pour moi plus tragiques. Les douze premiers mois, j’ai réappris à marcher, à manger, à parler le français, le tout dans la complicité, l’intensité et l’harmonie ; les douze mois suivants, j’ai compris que je n’y étais pas encore et que le plus dur était à faire.