Sur la passerelle, serrées contre la rambarde, nous attendons que les passagers descendent pour investir les lieux. Bientôt, je ne ferai plus attention à eux, happée bien plus sûrement par le monde qui va devenir le mien. Mais c'est mon premier jour et je ne peux m'empêcher de dévisager tous ces gens avec leurs valises, à qui je lance consciencieusement des "bienvenue" retentissants. Personne ne répond. Parfois, l'un d'eux me regarde aussi étonné que si le paquet de cordage enroulé sur le pont lui avait adressé la parole. Je suis devenue invisible.