- Moi aussi, j'aimais trop ça, la vitesse. Faire le con sur la route. A 5h du mat', traverser la rue de Rivoli en venant de la rue du Renard. Le genre roulette russe, vous voyez ? Mais quand on roule trop vite, on ne s'arrête plus... Un jour, j'ai tapé contre un rouleau compresseur. Deux mois de coma... ça ne m'a pas suffi. Je suis reparti. Je m'éclatais. Je ne connaissais plus personne en Harley Davidson. Ma passion pour la vitesse m'a même conduit sur les circuits automobiles. Mais là, j'étais moins bon.
Silence.
- C'est la paternité qui m'a fait réfléchir. Je me suis dit : comment se fait-il que tu sois toujours vivant alors que tu fais tout pour mourir ? Comment se fait-il que les autres s'arrêtent ? Parce que, voyez-vous, c'étaient les autres qui s'arrêtaient. C'était grâce à eux que j'étais là. En respectant la règle, ils me sauvaient...
Pause. Le motard était bon orateur. Il reprit :
- La règle, quand vous la respectez, est un don que vous faites à un inconnu. C'est presque un acte d'amour social.
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