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Critiques de Florence de La Guérivière (3)
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La Main de Rodin

Voici un livre dont on a peu parlé et qui pourtant le mériterait, à plus d'un titre ! Histoire passionnante tout d'abord que celle-ci. L'auteur part du postulat que Camille Claudel aurait pu être libérée pendant quelques jours de l'asile d'aliénés dans lequel elle a passé 30 ans de sa vie. Elle offre à Camille la possibilité de se racheter, de réparer ses erreurs, les dérives de son comportement si étrange qui a conduit à son internement, et peut-être de retrouver une certaine liberté, du moins la liberté de penser comme une personne saine d'esprit pendant quelques heures...



Si Camille avait pu réellement sortir, quelles auraient été ses pensées, ses gestes, vers quelles personnes se serait-elle tournée pour demander de l'aide ou bien pour exiger réparation ? Un livre que vous ne pourrez pas lâcher avant la fin tant cette parenthèse dans la vie de cette artiste géniale mais si tourmentée et incomprise est captivante. Car ici, non seulement l'écriture est superbe, vraiment, mais on sent passionnément à travers les mots de l'auteur tous les tourments de l'artiste, tous ses égarements, ses raisonnements logiques ou tordus, ses espoirs, ses angoisses. On espère de tout coeur que le corps médical se soit trompé, et qu'elle arrive à surmonter ses démons pour prouver au monde, et à elle-même, qu'elle est capable de réintégrer une vie normale, on y croit même... On se prend à rêver d'une Camille apaisée, en paix avec le monde, sereine, reprenant le modelage, la création qui a gouverné toute sa vie et les oeuvres sublimes qu'elle nous a légué, on voudrait que cette Camille-là soit la vraie...



Le roman est documenté avec précision et cette échappée de Camille Claudel s'inscrit donc parfaitement dans l'ordre des faits qui auraient pu avoir lieu. Les sentiments de Camille, ceux de Rodin et des gens qui les entourent sont transcris avec autant de précision que d'amour, et d'espoir. Et si ? Oui, si cela avait été possible ? Mais justement, ce roman est si bien intégré dans la vie et dans la personnalité de Camille, la psychologie de l'artiste est si bien disséquée, sa maladie et ses répercussions si bien analysées que l'on se doute bien que ce "si" restera malgré tout notre espoir totalement impossible...











Un livre que je vous recommande ! Il donne envie de lire ou relire les biographies de Camille Claudel ou celles de Rodin, et de retourner bien vite faire une petite visite au musée Rodin !




Lien : http://liliba.canalblog.com/..
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Les Choses

« Objets inanimés, avez‑vous donc une âme ? » s’interrogeait Lamartine, une question en forme de défi lancé aux prosateurs que la plume démangerait. Défi relevé ici, avec plus qu’une pointe d’ironie mordante, par Florence de la Guérivière, qui nous convoque sur un terrain de combat « inédit » : celui de la narratrice contre

« les choses », combat perdu d’avance et inégal en nombre s’il en est, mais quotidien et de ce fait, toujours renouvelé.

Les choses, qu’une moins fine observatrice pourrait croire inertes, attendent leur heure en tapinois et n’ont qu’une idée en tête, nuire à qui ne les aime pas. Moins on est ordonné de nature et plus les objets qui nous cernent s’organisent de leur côté pour nous pourrir la vie ; de ce rapport inégal, voire inversement proportionnel, naît au mieux un statu quo inquiet, au pire une véritable guerre d’usure. Et tenter d’ignorer les choses ne sert à rien : elles se rappellent constamment à votre attention comme des enfants mal aimés, la parole en moins mais le pouvoir en plus, car elles s’arrangent pour vous devenir indispensables ; aucun affect là‑dedans, si ce n’est une relation de haine qui se tisse sournoisement, jour après jour, année après année.

Et plus la famille s’agrandit, plus les choses en profitent pour réquisitionner et mobiliser leurs forces de réserve à la rescousse : rasoir, mousse à raser, table à langer, etc., tous objets nouveaux auxquels il est impossible de claquer la porte au nez sous peine de grave crise familiale. Et on est vite mis devant le fait accompli, les choses se hiérarchisant d’elles‑mêmes, de la classe ouvrière (balai, serpillière) à la classe moyenne, en passant par les nouveaux riches (la cuisine à l’Américaine), jusqu’à l’élite qui investit les pièces d’agrément, et voilà notre protagoniste démunie devant une telle organisation, surtout qu’elle ne se sent pas femme d’intérieur ; elle suscite, en revanche, une empathie digne d’une Bridget Jones, tant elle est gaffeuse. Mais que quiconque n’a jamais fait exploser un four à gaz par inadvertance lui jette la première pierre… Même sa voiture « a des prétentions de femme d’affaires » avec sa sophistication multi‑écrans et digitalisée, ridiculisant la simple femme au foyer – entre‑temps devenu foyer de discorde – laquelle, de mutinerie en mutinerie, devient vite LA femme à abattre. Le véritable « mobbing » de l’environnement à son endroit, comme tout mobbing qui se respecte, commence insidieusement, par des moqueries : « femme d’affaires à ranger, d’affaires à laver, d’affaires à but non lucratif ! »

Et si ce n’était pour le soutien pas exactement désintéressé d’un stylo au tempérament très phallique, alléché par les pages blanches qu’il envisage de couvrir une à une, il se pourrait bien que les choses tournent fort mal. Mine de rien, une véritable descente aux enfers est à l’œuvre. L’enfer, c’est les choses.

On lit cette novella comme on contemplerait un champ de bataille pas si ordinaire que cela, dans lequel la description très réaliste de ce qui fait notre quotidien côtoie une fantaisie de tout instant : une véritable prouesse que cette alliance du détail minutieux finement observé et du pur fantastique, voire d’un surréalisme agrémenté d’une touche de « réalisme magique ». Le banal gagne en insolite tandis que l’auteur donne une âme aux choses et en contrepartie, met les êtres en danger de déshumanisation, réactualisant le mythe faustien sous un angle faussement naïf, pointant du doigt une menace redoutablement proche. Et c’est ainsi que, replaçant l’anecdote au centre pour la sublimer et en faisant de « l’anodin », dont on ne se méfie jamais assez, un sujet à part entière, cette histoire touche à l’universel.
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Champagne !

Non, n’insistez pas, je ne vais rien dévoiler de cette nouvelle remarquable. L’écriture va à l’essentiel, au coeur de l’émotion sans jamais tomber dans le pathos. Un récit d’une profonde humanité qui prend aux tripes et fait tanguer nos émotions. Nous progressons sur le fil fragile d’interrogations essentielles. A votre tour, fermez les yeux et laissez dans la douceur s’envoler les bulles légères de ce Champagne exceptionnel.
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