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Citation de Charybde2


La moto faisait un bruit d’enfer, comme si elle avait été arrachée à un cimetière d’engins morts puis retapée avec des pièces recyclées. Kalamity Djane roulait lentement sur la chaussée, les yeux mangés par de grosses lunettes noires, les mains gantées, fixées sur les deux poignées. De chaque côté du siège, on voyait son énorme arrière-train, de gigantesques fesses pressées dans un pantalon jean à la texture sauvage, pantalon qui se prolongeait en bas par des bottillons en cuir au bout pointu, définitivement classifiés « Pointininis ».
Natingou City s’étalait de part et d’autre d’une voie goudronnée, ligne dorsale de la Nationale 3, qui partait de l’entrée de la ville et se perdait dans les gerçures escarpées de l’Atakora. Commerces, marchés, banques, hôtels, administration, tout se tenait, offrait guichets des deux côtés du bitume, reléguant à l’arrière-plan habitations et propriétés privées.
La nouvelle venue se dirigea vers le Saloon du Desperado, situé près du cinéma Bopessi, cette ancienne chapelle du septième art où Gary Cooper, en blanc / noir, donnait le change à Ted Cassidy, où John Wayne jouait les lieutenants de la Cavalerie, où Franco Nero offrait aux cinéphiles du western réchauffé aux spaghettis. Kalamity Djane s’arrêta devant le bar-restau, descendit de la moto et, sans attendre, enleva les gants en cuir qu’elle portait, puis les rangea dans la boîte à outils située sous le siège. De la même boîte, elle sortit un petit sac de femme. Sur l’ensemble de ce qu’elle portait, mis à part les boucles d’oreilles ovales qui lui coulaient jusqu’aux épaules, c’était ce qui faisait véritablement féminin sur son port.
La présence d’un personnage aussi singulier attira l’œil des badauds et des vendeurs ambulants : la vendeuse de wassa-wassa qui attendait son dernier client aussi bien que le bana-bana qui offrait à vendre sa quincaillerie de produits frelatés ; le pickpocket qui cherchait son énième gogo à plumer aussi bien que le fou qui avait perdu le chemin de l’asile. Des chiens qui guettaient quelques restes de repas devant les gargotes avoisinantes s’étaient mis à aboyer…
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