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EAN : 9782072780066
176 pages
Gallimard (01/03/2018)
3.53/5   19 notes
Résumé :
«Mais voilà qu'un jour, un après-midi de décembre, alors que l'harmattan vrillait la cité dans son rideau de poussière rouge, apparut, par l'entrée sud de la ville, une étrange créature... Le regard droit, le corps arqué, elle conduisait une moto, une grosse cylindrée aux flancs de laquelle avait été dessinée une tête de mort accompagnée d'un écriteau singulier : N.D. dite Kalamity Djane.» À Natingou City, ville montagneuse dans le nord du Bénin, trois personnages s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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« Si la mort est un vêtement que tout le monde doit un jour porter, il y en a qui doivent s'en vêtir avant les autres. » (p. 161)

Nafissatou Diallo, qui se désigne sous le nom de Kalamity Djane à la femme de Vitou à laquelle elle se présente d'abord, est de retour à Natingou City, après trois ans d'absence, pour venger la terrible injustice dont elle a été victime aux mains de son conjoint de l'époque, Chérif Boni Tauré, un inspecteur de police de la Brigade criminelle, alors aidé de ses deux amis d'enfance, Alassane Gounou, bouvier de son état et Ernest Vitou, le propriétaire du Saloon du Desperado. Qu'ont fait subir à la jeune femme ces trois têtes de granite (une expression qui signifie têtes fortes en béninois) des figures archétypales du western traditionnel – le Shérif, le Cow-boy et le Desperado -, et est-elle véritablement de retour d'entre les morts ? Florent Couao-Zotti, un auteur que je découvre avec ce roman qui a gagné le Prix Roland de Jouvenel de l'Académie française en 2019, réussit de façon fort amusante à maintenir le suspense jusqu'à la toute fin, dans ce pastiche de western américain aux expressions finement trouvées. Une lecture que j'ai trouvé fort divertissante.
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Un western revisité façon à la mode africaine, version Tchoukoutou (alcool local).

Nafissatou revient à Natingou City pour se venger de trois fripouilles l'ayant laissée pour morte trois ans plus tôt.

Les personnages sont bien campés, digne de caricatures de western. le shérif Boni Touré, bel homme multipliant les conquêtes, le patron de saloon et sa femme chinoise, le vacher ayant tendance à se comporter comme ses bêtes (il fonce dans le tas à la moindre occasion), la belle revancharde, le joueur de guitare amoureux. Tout ce petit monde réuni pour notre plus grand plaisir.

L'intrigue est classique, mais bien menée, la fin digne d'un western. « Le western, fût-il tropical ou dilué dans du tchoukoutou, n'échapperait pas à la règle du dernier rendez-vous, celui qui oppose les deux personnages antagoniques de l'histoire ». Florent Couao-Zotti

Peut-être manque-t-il juste un peu de matière, quelques pages de plus auraient sans doute permis au suspense de se mettre en place.

J'ai beaucoup aimé cette façon de revisiter le western, cela apporte modernité et fraicheur au genre.
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Ce livre est donc un western, classique : une personne, assoiffée de vengeance, s'en prend aux trois méchants qui l'ont laissée pour morte trois ans plus tôt. Qu'a fait la police ? Et bien justement, l'un des trois méchants est un inspecteur de police, Boni Touré, très bien placé pour modifier les actes de manière à ce que personne ne se rende compte de son application dans la mort de Naffissatou. Les deux autres ? Nous avons un homme d'affaires, Ernest Vitou qui tient avec son épouse un saloon qui rapporte gros, et un vacher sans véritables scrupules. Classique, donc. Petit détail, qui a son importance : l'action se passe au Bénin, et non aux Etats-Unis. Les cow boys solitaires et vengeurs sont des femmes, qui n'enfourchent pas leur monture, mais une moto, et leurs adversaires doivent se contenter de splendides deux chevaux, qui ne démarrent pas toujours alors qu'ils en auraient bien besoin.
Reposant, ce livre ? Non, pas vraiment. Bien sûr, le lecteur qui connaît les règles du genre a une petite idée de la manière dont l'intrigue se terminera - les vengeances se terminent toujours ou presque de la même manière, avec un poor lonesome cow boys (ou girl) qui s'en va vers le soleil couchant. Il reste cependant à savoir de quelle manière Kalamity Djane (telle est le nom que la vengeresse a choisi) parviendra à se débarrasser de ce trio, plus préoccupé par découvrir comment elle est arrivée là que sur les moyens de se protéger. Quant à leur culpabilité, bien réelle, ou leur complicité, ce ne sont pour eux que des mots, absolument pas une réalité.
Alors oui, il est agréable de voir une femme prendre sa revanche sur des hommes bien incapables de comprendre réellement ce qu'ils ont fait de mal, des hommes bien incapables de sortir de leur routine pour se poser les bonnes questions. À Natingou City, rien ne sera comme avant, si ce n'est un poète sur les hauteurs de l'Atakora, Ebénézer Dassagoutey, qui chantera son amour pour l'amante perdue.
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Un western avec les codes du genre en terre africaine. Natingou City - Benin

Trois personnages réputés de cette commune de Natingou City sont menacés par une femme revenue de loin ayant pris pour surnom Kalamity Djane.
De son vrai nom Nafissatou Diallo, cette jeune femme arrive en ville en chevauchant sa moto et annonce au Saloon du Desperado qu'elle va tuer les 3 comparses pour se venger du sort qu'elle a subi quelques années plus tôt.
Les 3 hommes ne sont autres que le propriétaire du Saloon, le shérif et le cowboy.
Ce qui tétanise tout le monde ce n'est pas tant la menace, mais le fait que Nafissatou Diallo soit morte 3 ans plus tôt.

Qui est donc cette femme qui se fait appeler Kalamity Djane ? le fantôme de Nafissatou ?
Petit à petit l'auteur livre les indices de cette vengeance.

Une intrigue habilement menée, des personnages bien campés, des dialogues teintés d'humour et d'ironie. Un western dans lequel le héros solitaire est une héroïne qui a du caractère !

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Une vraie réussite que ce roman original et dépaysant, tant par l'écriture que par l'histoire, très bien trouvée et vivante à souhait.
On est transporté en Afrique, au Bénin, par la magie des mots qui sont autant d'images subtiles pour nous emmener à Natingou City sans effort.
On y rencontre trois amis d'enfance, "sauce tchoukoutou"( du nom d'un alcool du coin), le cow boy, le sherif, et le desperado tenancier du saloon local, que recherche une certaine Nafi (des ressemblances avec des personnes...etc...) dite kalamity Djane. Pourquoi ?
En dire plus serait dommage tant il faut découvrir d'abord, par petites touches, les personnages, les lieux, leurs habitudes et compromis avec la vie pour suivre ensuite l'intrigue. Les personnages sont tous très bien campés. Leur façon de parler, à travers la langue de l'auteur très belle et imagée, donne un petit côté humoristique et nonchalant à cette histoire décalée mais crédible. Et on se prend à tourner les pages, à revenir en arrière pour redécouvrir une phrase amusante, un proverbe, à lire à haute voix les chants de l'éternel amoureux pour les mots et les rimes. On voyage, on s'émeut, on s'amuse. Et tout cela dans une langue savoureuse.
Un régal donc, à consommer sans modération, un roman qui devrait vous enchanter.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
La moto faisait un bruit d’enfer, comme si elle avait été arrachée à un cimetière d’engins morts puis retapée avec des pièces recyclées. Kalamity Djane roulait lentement sur la chaussée, les yeux mangés par de grosses lunettes noires, les mains gantées, fixées sur les deux poignées. De chaque côté du siège, on voyait son énorme arrière-train, de gigantesques fesses pressées dans un pantalon jean à la texture sauvage, pantalon qui se prolongeait en bas par des bottillons en cuir au bout pointu, définitivement classifiés « Pointininis ».
Natingou City s’étalait de part et d’autre d’une voie goudronnée, ligne dorsale de la Nationale 3, qui partait de l’entrée de la ville et se perdait dans les gerçures escarpées de l’Atakora. Commerces, marchés, banques, hôtels, administration, tout se tenait, offrait guichets des deux côtés du bitume, reléguant à l’arrière-plan habitations et propriétés privées.
La nouvelle venue se dirigea vers le Saloon du Desperado, situé près du cinéma Bopessi, cette ancienne chapelle du septième art où Gary Cooper, en blanc / noir, donnait le change à Ted Cassidy, où John Wayne jouait les lieutenants de la Cavalerie, où Franco Nero offrait aux cinéphiles du western réchauffé aux spaghettis. Kalamity Djane s’arrêta devant le bar-restau, descendit de la moto et, sans attendre, enleva les gants en cuir qu’elle portait, puis les rangea dans la boîte à outils située sous le siège. De la même boîte, elle sortit un petit sac de femme. Sur l’ensemble de ce qu’elle portait, mis à part les boucles d’oreilles ovales qui lui coulaient jusqu’aux épaules, c’était ce qui faisait véritablement féminin sur son port.
La présence d’un personnage aussi singulier attira l’œil des badauds et des vendeurs ambulants : la vendeuse de wassa-wassa qui attendait son dernier client aussi bien que le bana-bana qui offrait à vendre sa quincaillerie de produits frelatés ; le pickpocket qui cherchait son énième gogo à plumer aussi bien que le fou qui avait perdu le chemin de l’asile. Des chiens qui guettaient quelques restes de repas devant les gargotes avoisinantes s’étaient mis à aboyer…
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Son épouse, discrètement ou non, l'avait toujours surveillé comme du criquet sur la braise. Mais ici, contrairement à sa situation en Chine, le bonhomme disposait, dans le nord du département, de propriétés, c'est à dire d'endroits bien cachés où il pouvait chérir les filles, et se livrer, avec elle, à ses petites gredineries.
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Ernest Vitou ne se rendit pas directement au Saloon du Desperado. Il n’en prit d’ailleurs pas le chemin. Par peur de se retrouver en face de Kalamity Djane, il estima plus sage d’aller quêter chez son ami, Boni Touré, un brin d’information sur le sujet, savoir si, en tant que shérif, policier, inspecteur, telle affaire aussi saugrenue lui était déjà tombée dans le creux du pavillon.
Il avait roulé comme un meurt-de-faim cherche un morceau de pain dans une poubelle. Sa voiture, une « Pathfinger » au nez dégauchi par un accident, couleur sang royal, avait ignoré, sur la distance, le code de la route puis, finalement, s’était arrêtée devant le commissariat de police. Avant même de poser pied à terre, il ouvrit sa boîte à gants et en sortit un flacon de parfum. D’une seule coulée, il en aspergea la blessure.
Ah, Dieu ! Quelle sensation ! De la douleur, une impression de fraîcheur mentholée ajoutée à de la brûlure ! Il eut même le sentiment qu’un couteau s’était enhardi dans ses petites plaies pour en remuer l’intérieur. Trois fois, il refit la même chose, avala des antalgiques en gélules censés le calmer. Ernest Vitou, quoique colosse, avait une crainte horrible des douleurs, de quelque origine qu’elles soient. Il ne savait pourquoi les faits de la vie le mettaient toujours dans des situations de souffrances physiques.
Ne plus penser à cette éhontée de petite vermine. Ne pas donner à ses écarts l’importance qu’ils ne devraient pas avoir. Se concentrer sur cette histoire de « femme djaklayo« . En élucider le mystère.
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C'était du temps où nous n'étions pas encore bêtes et méchants, du temps où le silence habitait la pierre, du temps où les hommes s'efforçaient de séduire le ciel pour espérer se substituer à Dieu.
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La moto faisait un bruit d’enfer, comme si elle avait été arrachée à un cimetière d’engins morts puis retapés avec des pièces recyclées. Kalamity Djane roulait lentement sur la chaussée, les yeux mangés par de grosses lunettes noires, les mains gantées, fixées sur les deux poignées. De chaque côté du siège, on voyait son énorme arrière-train, de gigantesques fesses pressées dans un pantalon jean à la texture sauvage, pantalon qui se prolongeait en bas par des bottines en cuir au bout pointu, définitivement classifiés « Pointininis ».
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Video de Florent Couao-Zotti (1) Voir plusAjouter une vidéo

Florent Couao-Zotti : Les Fantômes du Brésil
Dans le décor du Rostand, Olivier BARROT présente l'ouvrage de Florent COUAO-ZOTTI "Les Fantômes du Brésil" paru chez Ubu.
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