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Citation de Eynaf


Je ne connaissais pas bien le monde. L'adage voulait qu'il soit petit, mais s'il n'y avait eu que des hommes comme moi, on l'aurait trouvé bien grand. On l'aurait imaginé bien grand, mais, en réalité, on n'en aurait pas tout vu, certains continents seraient restés des énigmes, des chimères, des supputations, des rumeurs ances-trales. Pas même l'envoi d'une sonde de reconnaissance des lieux, pas de films de cow-boys et d'Indiens, pas de route de la soie. Des promenades, de la cueillette, un peu de chasse (principalement basée sur la pose de pièges) et beaucoup de confiture à la rhubarbe. Un monde paisible malgré les aphtes, en somme.
On n'aurait pas nagé très loin, on n'aurait pas conquis les mers, les airs non plus. L'homme en veut trop alors qu'on peut tout vivre dans trois kilomètres à la ronde. L'extraordinaire n'a rien à voir avec la dis-tance. J'ai vu des drames, le soir, à gare de l'Est et des crépuscules flamboyants aux Buttes-Chaumont. Je me suis toujours fichu et désintéressé des voyages, non par absence de curiosité, mais justement par surplus. Je ne peux dompter l'infini des possibles, j'étouffe de ne pas arriver à me représenter tous les visages, de ne pouvoir tout humer, tout voir, tout entendre. Le monde me donne le tournis, parce qu'il me donne tout en bas de chez moi. Ceux qui l'arpentent sans cesse n'en savent pas forcément autant que moi qui ne sais pourtant pas grand-chose.
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