C’ÉTAIT UN SOIR DE FÉERIES
C'était un soir de féeries,
De vapeurs enrubannées,
De mauve tendre aux prairies,
En la plus belle de tes années.
Et tu disais — écho de mon âme profonde, —
Sous l'auréole qui te sacre blonde
Et dans le froissement rythmique de soies :
« Tout est triste de joies ;
Quel deuil emplit le monde ?
Tout s'attriste de joies. »
Et je t'ai répondu, ce soir de féeries
Et de vapeurs enrubannées :
« C'est qu'en le lourd arôme estival des prairies,
Seconde à seconde,
S'effeuille la plus belle de tes années ,
Un deuil d'amour est sur le monde
De toutes les heures sonnées. »
p.111-112