ELCA ET MONTGÓ
à Angelika Becker
La sombre mort des orangers
m’éblouit ;
la lune se lève orange et sèche
derrière une mer de plomb.
Dans le lointain, la montagne exhale un air
bleu ; la mer la rend humide,
s’y abandonne. Et ainsi depuis des siècles
l’ombre tombe sur la douleur de sa rudesse.
Les maisons ouvrent leurs paupières,
le versant s’illumine, vibrant
le cœur aspire à des êtres qu’il ne connaît pas ;
et le souvenir en rappelle d’autres.
Invisible un arôme de jasmin pénètre
ma chemise, éloigne un peu de sueur de ma peau ;
et cette poussière que le vent dépose
a disparu dans la nuit,
sourd fossoyeur de mon temps.
Le jour était compatissant,
et la terre épuisée reconnaissante,
avec amour je veille sur la tendresse
avec laquelle je meurs aujourd’hui.
/Traduction de Elisabeth Gerlache