Les tapas n'étaient pas mauvaises, mais l'addition correspondante lui parut terriblement élevée, car Mendez se souvenait d'avoir consommé au même endroit, vers le milieu des années quarante, de mémorables bières accompagnées de pinchos aux olives, aux anchois et peut-être aux mouches, élevées maison, pour la modique somme d'une peseta. On voit bien là que Mendez souffrait de plus en plus de l'incurable infirmité des nostalgiques, qui continuent à considérer les villes, les prix, les rues et même les femmes - détail particulièrement dangereux - non pour ce qu'ils sont mais pour ce qu'ils étaient.