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Jean-Baptiste Grasset (Traducteur)
EAN : 9782070407187
338 pages
Gallimard (30/11/-1)
3.61/5   32 notes
Résumé :
Dans un passage sombre de Barcelone gît le cadavre de Paquito. Le représentant en bijouterie fantaisie a été dépouillé de tout, à une bague près, un rubis qu'il a payé de sa vie. À proximité du corps, une chaise roulante. L'inspecteur Méndez, flic poussif, parfois grossier mais d'une très grande sensibilité, traîne dans les parages. L'enquête n'est pas de son ressort mais la curiosité l'emporte. D'autant qu'on retrouve de nouveaux cadavres à proximité d'une chaise r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Paquito est mort dans un sombre et étroit passage de Barcelone, délesté de tous ses biens, la gorge tranchée. Seul son rubis a échappé au voleur qui lui-même a laissé un fauteuil roulant sur les lieux du crime.
Quand l'inspecteur Mendez vient roder autour du cadavre, ce n'est pas parce qu'il est chargé de l'enquête. Son chef ne lui confierait jamais une telle affaire, préférant le charger de courir après les travestis, les petits voleurs, les prostituées, bref le menu fretin du quartier. Mais ça ne l'empêche pas d'élaborer une petite théorie : Paquito, le représentant propre sur lui est mort de sa bonté et par amour. de sa bonté parce qu'il a sans doute voulu venir en aide à un homme qu'il pensait handicapé et par amour parce qu'il a refusé de céder le rubis auquel il devait être très attaché pour des raisons sentimentales. Fort de ses déductions, il commence des investigations personnelles après avoir réussi à embobiner le commissaire grâce à son bagout et ses airs de ne pas y toucher. Ses pas vont le mener des petits appartements qui ne voient jamais le soleil des petites gens du Pueblo Seco jusqu'aux bureaux high tech des promoteurs immobiliers en passant par une maison de maître biscornue, dernier vestige d'un prestigieux passé qui doit céder la place à la modernité qui aspire la ville dans son tourbillon.


Deuxième enquête de l'inspecteur Mendez, flic vieillissant et cynique qui traîne ses guêtres dans le quartier populaire du Pueblo Seco, juste sous l'avenue du Paralelo. C'est là son territoire, il en connaît tous les recoins, tous les bistros et tous les personnages qui comptent, ou du moins il les connaissait avant que les cabarets, les bars à prostituées, les vieux cafés ne ferment leurs portes à tout jamais sur un passé, certes flamboyant mais marqué par la dictature franquiste. le progrès et la modernisation sont à l'ordre du jour, la spéculation immobilière bat son plein. Mendez, un brin nostalgique, claudique dans ces ruelles, joue les niais, les impotents, pour mieux approcher les indics, les témoins, les suspects.
Au coeur du roman, la Barcelone populaire, ses habitants, leur gouaille, leurs petites embrouilles, leurs ficelles pour tromper la misère. GONZALEZ LEDESMA, dans un style vif et très imagé, raconte sa ville, telle qu'elle était et telle qu'elle est devenue. On sent son amour pour les petites gens qui naviguent entre misère et désespoir mais sont toujours capables de rêver. le souci, c'est qu'il en fait un peu trop...Des comparaisons alambiquées au possible, surtout d'ordre sexuel, des personnages pas toujours crédibles et un parler digne des années 40 ou 50, tout cela finit par lasser.
Une lecture mitigée pour cette découverte de Mendez, flic de la vieille école qui allie humour, cynisme et ténacité mais peine à être vraiment sympathique.
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Voici une très agréable surprise. La découverte d'un auteur de polar espagnol et de son inspecteur Mendez. J'ai eu l'impression de plonger dans un univers à la Fred Vargas, sauf que cela se passe à Barcelone.

L'inspecteur Mendez est un marginal et son chef verrait d'un oeil ravi lui voir déposer une demande de mutation. Et pourtant, c'est bien sûr lui qui fera en sorte que le meurtre d'un homme par un tueur en chaise roulante ne reste pas impuni et soit élucidé.

Un bon moment de détente.
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Un drôle de policier, vilipendé par sa hiérarchie, traité par-dessus la jambe par ses collègues et les petites gens du coin, ils lui parlent vraiment mal, il arrive tout de même à enquêter bien que, il faut le dire, il ne soit pas chargé de l'enquête
Drôle de conscience professionnelle et drôles de méthodes aussi, bref un poulaga décrépit et atypique assez loin de Pepe Carvalho, ils sont du même coin, mais pas tant que ça à y bien réfléchir.
Un Poirot espagnol qui sait et qui va démonter qu'il sait … qu'il croit savoir.
Un ton pince sans rire et cynique et parfois la réplique de mauvais goût voire un humour de beauf mais ma foi l'inspecteur Méndez il est comme ça! Et puis le monde interlope dans lequel il travaille c'est vraiment la lie de l'humanité mais il le connaît de fond en comble et sans même quitter le bar il sait ce qui s'y passe
de la méthode, un peu de mauvaise foi et un peu de brusquerie et puis un tueur en chaise roulante c'est pas commun et une dame au cachemire qui joue un peu l'arlésienne
Fantasme de Méndez pour une Barcelone oubliée, pour le bon vieux temps, les belles choses , les belles manières : un nostalgique d'un temps qui n'est plus
Des personnages très pathétiques d'un côté et très malheureux et les autres les clowns
Un peu comme Camilleri, Ledesma essaie de respecter la prononciation locale mais il abuse un peu des «z» et c'est pénible à la lecture mais c'est dans le ton et on lui pardonne volontiers.
Il émane de ce livre une très grande tristesse à couper au couteau et une grande profondeur humaine.
le flic Méndez est un vieux mais très grand flic.
A découvrir pour ses personnages, son ton, son humanisme et surtout l'intrigue qui est sacrément corsée l'air de rien et ce n'est pas notre Poirot espagnol qui nous explique l'affaire mais…
Excellent !
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On avait lu la Dame de Cachemire en... 1992. Ça ne nous rajeunit pas. le livre nous est revenu par le biais d'une sélection, très fine (et comme toutes les sélections matière à discussions infinies), de Télérama (les cent meilleurs polars de la rédaction).

Allez comprendre, il nous a pris l'envie de le relire 30 ans après, et autant dire qu'on ne l'a pas regretté. Tout est revenu : la poésie crasse d'une Barcelone disparue (ses odeurs, ses barrios mal famés, ses estropiés, ses minables), les vicissitudes un peu glauques de l'inspecteur Mendez (une sorte d'anti-héros en bout de course), le style charnu, provocant et mélancolique de l'auteur qui sait ranimer une Espagne enfuie, pauvre, sortant à peine du franquisme - et qui s'ouvrira bientôt à l'Europe, à la démocratie et au capitalisme - bref, à l'uniformisation.

La littérature de genre, et le polar en particulier, a ceci d'incomparable que s'ancrant dans une époque et un lieu, elle tend un miroir précieux à son temps. Depuis la Dame en Cachemire, qui date de 1986, tout a changé - et rien n'a changé.

Tout : aujourd'hui, les femmes ne sont plus reléguées au foyer, à blanchir le linge et à cuire des chuletas en attendant le retour de leur homme qui, comme chaque soir, s'attarde au bar. Des caméras, des relevés ADN et des notes téléphoniques nous désignent désormais le coupable. Mendez serait hors course (en réalité, il n'aurait jamais été DANS LA course).

Rien : les rêves, les peurs et les désirs sont les mêmes. La jalousie. Les ambitions. La violence aussi. Et l'amour, celui qu'on dit, celui qu'on tait.

La Dame de Cachemire : c'était en 86 et c'est aujourd'hui. Une réussite.
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Parfois, il est nécessaire de persévérer. Autant le premier contact avec l'inspecteur Mendez ne fut pas très réussi, autant les deux suivants le sont.
Disons le tout de suite : le personnage principal de cette série est Barcelone, ses vieux quartiers, voués à la démolition par la grâce de la spéculation immobilière. Barcelone et ses petites gens auquel on ne fait pas attention, sauf pour se souvenir… de les oublier très vite.
Mendez lui-même est un policier en voie de disparition, que l'on aimerait bien (ses chefs, ses collègues) voir enquêter ailleurs – ou pas du tout. Il n'est pas exempt de défaut, lui qui a tout de suite des idées préconçues au sujet du crime qui vient de se dérouler. La grande différence avec ses camarades policiers est qu'il est capable de repartir de zéro quand il se rend compte, fort marri, que les clichés issus des mélodrames n'ont pas leur place quand on pénètre dans la vie de gens ordinaires, qui tentent de s'accommoder du mieux qu'ils peuvent de sentiments extraordinaires (surtout dans l'Espagne où l'ombre de Franco plane encore).
Trouver le coupable n'est pas toujours satisfaisant, et Mendez pourrait le dire, en castillan ou en catalan. Même si la vengeance est souvent le moteur des romans de Gonzalez Ledesma, jamais il n'en fait l'apologie. Il est du côté de ceux qui essaient de vivre, malgré tout.
La Dame de Cachemire est un roman dont la noirceur n'est pas à démontrer.
Lien : http://deslivresetsharon.wor..
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Qu'est-ce-que vous croyez, monsieur Mendez ? Que je l'ai fait par méchanceté ? Que je l'ai prémédité ? Que je l'ai voulu ? Peut-être, oui, peut-être que je l'ai voulu, monsieur Mendez, c'est la vérité ; mais ce n'est pas moi qui l'ai fait, c'est le temps. Vous l'ignorez, mais le temps fait aussi des choses, monsieur Mendez, il entre dans vos yeux, il les teint de cendre, il entre dans votre sang, il le teint de chrysanthème, il entre dans vos doigts, il les teint de la couleur de vos murs, de vos vêtements rangés dans les placards, de votre escalier mort. Et même de vos photos de petite fille. C'est le temps qui fait les choses, monsieur Mendez : tout à coup il est là et on sent qu'il vous pousse, qu'il dirige vos mains , qu'il ennuage vos pensées et brûle votre langue. C'est que vous, vous n'avez pas toujours vécu dans cet appartement. Ou dans un appartement comme celui-ci. Pas vrai, monsieur Mendez ? Alors, vous ne savez pas ce que sont d'abord les illusions, puis la résignation,et enfin le sentiment de ce qui ne sera plus, le sentiment de la vie qui passe devant une fenêtre où l'on découvre qu'on est toujours restée immobile.
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Les tapas n'étaient pas mauvaises, mais l'addition correspondante lui parut terriblement élevée, car Mendez se souvenait d'avoir consommé au même endroit, vers le milieu des années quarante, de mémorables bières accompagnées de pinchos aux olives, aux anchois et peut-être aux mouches, élevées maison, pour la modique somme d'une peseta. On voit bien là que Mendez souffrait de plus en plus de l'incurable infirmité des nostalgiques, qui continuent à considérer les villes, les prix, les rues et même les femmes - détail particulièrement dangereux - non pour ce qu'ils sont mais pour ce qu'ils étaient.
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Ne cherche plus dans le vieux lavoir, Mendez, ne farfouille plus dans cette enceinte où l'on doit encore, la nuit, entendre les voix des femmes, les coups des battoirs de bois, les cris des enfants cherchant leur mère, l'éloge de la robe de nuit de la jeune mariée... Ne sombre pas dans cet univers qui en fin de compte était celui de ton enfance, Mendez celui des recoins de la pureté et de la pauvreté, refuse de sentir le temps qui est resté collé aux parois, que tu pourrais arracher avec les ongles pour retrouver son goût de fruit d'armoire, de fleur de cimetière, de jaune passé. N'y pénètre pas, dans les années qui reposent ici, sous les logements populaires, ne cherche pas à récupérer dans l'atmosphère les mots des femmes qui ont vieilli devant cette fenêtre et qui jusqu'au dernier jour ont contemplé de là leurs rêves de poupées jamais devenues grandes. Laisse cela, Mendez, tu sais bien qu'ici tu ne trouveras rien ; monte l'escalier, flaire la piste et cherche, cherche.
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Elle continuait à lui presser la main et à la baigner de ses larmes. Quelle solitude il faut donc que tu portes, Esther, quelle affection de chienne abandonnée tu cherches, pour que même la main de Méndez puisse te paraître apporter un contact humain.
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Il demanda des renseignements sur la pension La Costa.
Rien de particulier. Une bagarre avec lésions diverses. Un avortement dans les toilettes. Des abus déshonnêtes dans l’ascenseur. Un Turc parti sans payer, après avoir mis enceinte la sœur de la patronne. Un client qui avait laissé sa femme en gage et n’était pas revenu. Un hôte vêtu en torero, qui s’était enfui par le balcon en oubliant sa cape. Enfin, la vie de tous les jours, la vie qui passe.
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