Par delà l'horizon, par delà les océans, tous les esprits étaient tendus vers ces terres quasi-fabuleuses d'où revinrent hier, d'où reviendraient demain les caravelles. A Lisbonne, il n'était de regards que pour les vaisseaux au mouillage ; on n'entendait sur les bords de la baie que termes nautiques et récits merveilleux; les imaginations frémissaient de fièvre et d'espoir. Du plus grand au plus humble chacun n'avait qu'une pensée, et ce fut cette pensée, cette ambition d'héroïques aventures, que les architectes cherchèrent à perpétuer sur les pierres des monuments.
Et, si cette preuve ne semblait pas suffisante, je dirai comme Donatello, lequel, avec la permission de Michel-Ange, fut un des premiers parmi les sculpteurs modernes qui mérita gloire et renom en Italie. Lorsqu'il instruisait ses élèves, il ne leur disait autre chose que : « Dessinez », entendant par ce seul mot d'enseignement : Mes élèves, quand je vous dis : Dessinez, je prétends vous livrer tout le secret de la sculpture.
Toute cette nuit-là, je ne cessai de penser à la journée qui achevait de s'écouler et je me préparai à celle qui allait venir. Mais il arrive souvent que nos projets sont inutiles et vains, et que l'événement est contraire à notre attente.
On imagine avec quel enthousiasme Francisco de Hollanda, élevé dans ce milieu d'érudition et de discipline littéraire, sentit s'éveiller les facultés de son esprit. Sa curiosité juvénile eut ce bonheur, rare dans un pays voué à l'action et au négoce, de trouver à portée des livres à lire, des savants à interroger. C'est par une grâce spéciale que, au fond de ce petit Portugal perdu à l'extrémité de l'Europe, le grand souffle de la Renaissance put pénétrer jusqu'à lui. Il devint bon latiniste ; probablement même apprit-il un peu de grec. J'aime à croire que son principal éducateur fut cet André de Resende qui écrivit des poésies latines, des traités de grammaire, et qui recensa les monuments antiques de la Lusitanie.