AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de coco4649


SAN GIOVANNI


Extrait 1

    C’est vrai que Trieste n’accepte pas son déclin. C’est vrai qu’elle tente, et désespérément, de devenir différente. Comment la blâmer ? Et c’est peut-être à cet instant que je me suis mis à l’aimer davantage.

    Plus tard, sur le môle, regardant le Bressana, le Borino, l’Orion, tous ces bateaux en partance pour les ports grecs et yougoslaves, j’ai songé à la singulière destinée de cette ville. Car c’est ici, justement, sur ce quai, que l’expressionniste viennois Egon Schiele venait régulièrement peindre des barques et des navires. Je l’imagine. Il n’a pas encore vingt ans. Je retrouve en lui la beauté singulière qui fut celle d’Antonin Artaud. Il vient à Trieste depuis longtemps. Il s’est rendu ici pour la première fois, accablé de douleur et de haine par la mort de son père. Pour se venger du mal d’origine vénérienne qui frappe en famille, il refait avec sa sœur le voyage de noces triestin de ses parents. Il a alors seize ans. Gerti Schiele en a douze. Ils s’enferment toute une nuit dans un hôtel de la ville. Plus tard, ils reviendront, et dans une auberge il dessinera sa sœur, nue. Toute sa courte vie il dessinera des jeunes filles nues, ce qui lui vaudra de se retrouver en prison. Là, il écrit qu’il « rêve de Trieste, de la mer, de l’espace largement ouvert. Désir, j’en ai un désir torturant ». Voilà à quoi je pensais en marchant sur le môle.
Commenter  J’apprécie          20





Ont apprécié cette citation (2)voir plus




{* *}