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Citation de JulienDjeuks


La souffrance monotone du corps ouvrier, p. 37 :
Un jour comme un autre donc, dont la durée pour chacun s'était faite variable, fonction de l'état d'âme, chaque jour différant pour chacun le comment avaler de cette durée pourtant répétée mais à laquelle l'âge ni l'habitude ne font rien et qui ne tient qu'à sa mécanique d'horloge de finir par s'accomplir à force de répétition, mais reste présente une fois liquidée révolue il y a demain dont déjà l'on parle, demain il fera jour, et la fatigue trop visible ou débordante sur la fixité du visage des autres, ne jamais tolérer les rides le bouffissement du sien les cernes mais.
Un jour donc qui n'en était qu'au matin de sa durée et dont il fallait bien s'accommoder, travaillant pour oublier l'écoulement du temps, puisque le travail même peut constituer la fuite immédiate de l'ennui, ce qui s'achève et disparaît de l'établi laisse un vide qu'une pièce brute est déjà là pour emplir, et dont le brut même laisse voir, irréalisé mais présent, son fini, et sans commandement ni hâte oblige à la tâche. La pensée se laisse enraciner comme à y glisser lentement, qui dit comme une voix et parfois jusqu'aux lèvres le filetage à chercher du taraud, ou bien quel tourne-à-gauche dans le tiroir ou boîte. Et l'interjection presque muette à l'égratignure encore une, la coupe à peine visible sur le doigt noir mais y perle le sang, une goutte qui enfle épaisse, hésite à tomber comme une réticence à se salir, chercher un chiffon propre parle la voix, le plus propre, puis enlever entre les doigts trop épais, gourds, de l'autre main, l'esquille brillante enfoncée dans la peau, le train-train de ces gestes qui se font aussi bien tout seuls, savent leur métier, ne demandent à l'oeil que de les suivre.
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