A l'occasion du salon "Rendez-vous de l'histoire" à Blois, rencontre avec François Bon autour de son ouvrage "Sapiens à l'oeil nu" aux éditions CNRS.
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Note de musique : © Scott Holmes
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Ecrire c'est se soumettre à un démon qui contraint au seul déchiffrement de soi-même.
Une peau. La prison c'est une peau.
On la porte en soi d'avance, en tout petit et comprimé. Et d'un coup ça remonte à la peau, on comprend que sans y penser on l'avait déjà en soi. Comme on préfère se coucher contre un mur, là-bas on retrouve d'instinct la trace d'un reste ancien, une grotte où rien ne vous arrive, où on est protégé.
Une fois que c'est dans la peau, ça s'enlève pas. On se frotte ; on se gratte, on rentre chez soi mais on ne la perd pas.
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"Ce qui est à conquérir chaque fois et toujours, c'est d'abord son identité pour les autres."
’avais acheté à Poitiers mon premier pantalon à pattes d’eph. Tous les copains avaient déjà le même. Je ne crois pas que le scandale, vis-à-vis de ma mère, ait concerné les pattes d’eph elles-mêmes : plutôt l'intuition qu'en trahissant la couturière du village, puis dans la ville le magasin qui avait l'exclusivité du magasin du tissu en commerce, une rupture bien plus violente et essentielle du monde s'amorcait, qui tuerait la petite ville, ferait des centre-villes (les plus grosses) une infinie boutique à fringues jetables, et des périphéries un entassement de sous-langues (Kiabi et les autres)
Je découvrirai seulement bien plus tard que la passion à lire un dictionnaire ne m'a pas été réservée-C'est juste que je n'en connaissais pas d'autres que moi.Le Littré comme lecture d'enfance de Francis Ponge.(p.96)
Les ateliers, pour nous, c’est un peu une écluse avec les forces vives du monde, là où des êtres rendent compte de leur propre intensité. On injecte dans l’inventaire de la langue et des mots des cailloux qui ne lui appartiennent pas d’avance, mais dont elle a besoin en permanence pour répondre à ce qu'on exige d'elle
Quand mon chat mange un mulot, comment il fait : d'abord il me l'amène, bien fier. Jusque sur la table, s'il faut. Encore vivante, les pattes tremblantes et un petit battement sous le ventre de la souris. Et quand j'ai vu, d'un petit coup de gueule la retourne : la retenant par le cou. On entend les os du crâne craquer sous la dent, le ventre blanc enfle sous la pression. Puis il avale d'un coup le bestiau, os et peaux, tout entier sans mâcher. La queue dépasse un instant et disparaît ; après il s'en va dormir. Ce qui est simple est violent.
Page 106.
Ils se rendent pas compte que c'est notre survie, presque.
On passe devant la maison inhabitée, on s'arrête. Des carrés vides, troués. Des écroulements. On ne voudrait pas réparer, on ne voudrait pas s'installer : seulement ça a été habité. C'est une image de comment on installe un relief dans l'espace, des chemins, des fenêtres avec vue, et un toit et une coquille. .... L'inhabité appelle. Comme possibilité, dès qu'ici on vient et regarde, de refaire en soi, où tout est encombré, le même vide, la même ruine peut-être, mais où reconstruire se fera sans passé ?
On arpente les maisons qu'on n'habite plus, on retrouve les visages qu'on ne voit plus. Des objets sont là dans la pénombre qu'on ne se souvenait plus y être.