AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de PaulPetit


[...] jusqu'à présent, il est peu d'historiens qui ont envisagé une autre césure, qui s'impose pourtant comme beaucoup plus réelle que celle entre « front » et « arrière ». La véritable coupure ne se fait pas entre ces deux termes, car la notion de « front » est trop floue. J'ai montré dans d'autres travaux que la notion de « front » doit être singulièrement précisée. En fait, il faut distinguer entre le « monde du feu », constitué par les premières et deuxièmes lignes de combat, occupées par les unités d'infanterie et d'artillerie de tranchées, le « front arrière », où l'on trouve les troisièmes lignes et l'artillerie légère, et l'« arrière-front » où se trouvent l'artillerie lourde, mais aussi la masse des unités non combattantes, ainsi que tous les services. Cet « arrière-front » concentre de plus en plus de troupes au fur et à mesure que la guerre se technicise et qu'elle s'administre, mais dans le même temps les soldats qui la peuplent ne connaissent la guerre qu'en mode dégradé, loin de la violence extrême des premières lignes. Du prévôt au planton, du bourrelier au coiffeur, du vétérinaire au conducteur d'automobile, tous ces militaires sont certes dans la zone des armées, mais ils ne sont jamais exposés aux mêmes risques physiques. Ils ne prennent jamais leur « tour de tranchées ». Les réalités du terrain — le « bled » dans le langage des combattants — leur sont tout à fait inconnues.
Commenter  J’apprécie          10





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}