L'alpinisme étant une activité par essence imaginaire, en théorie tout est possible pour l'alpiniste, même de mesurer ses montagnes avec une unité à sa convenance. Mais, même s'il s'éloigne de la terre des hommes, il reste soumis à la dure loi des hommes et aux systèmes de représentation du monde qu'utilisent ces derniers. Pour parler de l'altitude, la loi est celle des ingénieurs et des géographes. Ceux-ci ont choisi de faire en sorte que l'alpiniste ne puisse s'élever que jusqu'au huitième ciel.
Tout peut devenir Everest. [...] A chacun son Everest ! Paradoxalement son Everest, selon qui l'on est, peut être une colline ridicule ou monticule. Peu d'importance. L'Everest donne l'idée du "plus" que l'on peut atteindre et qui sera son aboutissement : on ne dépasse pas l'Everest, jamais.
Un mythe ne se voit pas, est irréel, sonde l'inconnu, interroge le virtuel. Ce virtuel qui attire, aspire et peut mener dans des tempêtes d'amour ou des chevauchées de haine ; mais peut aussi faire tomber ou plonger dans la désillusion.