Il n'avait pas l'air d'aller fort, mais son voisin de chambre, un Japonais, n'avait pas l'air d'aller mieux. Syndrome de Paris, m'a dit Vasco. Et il m'a expliqué qu'on recensait une dizaine de cas chaque année, essentiellement des Japonais : l'écart entre la réalité et la vision idéalisée qu'ils se faisaient de la ville - rues proprettes, moustachus à béret avec baguette sous le bras, grandes femmes filiformes juchées sur des talons de dix centimètres et vêtues de la tête aux pieds en Chanel -, ajouté à la fatigue du décalage horaire et d'un long voyage en avion, provoquait chez certains d'entre eux des troubles divers : le voisin de Vasco avait perdu connaissance à Châtelet, il s'était réveillé à Sainte-Anne et depuis, il se prenait pour Napoléon.